Le LOF signifie Livre des Origines Françaises. C’est un livre généalogique sur lequel figure les chiens de race inscrits au titre de la descendance. L’Etat Français a délégué la gestion du LOF à la SCC – Société Centrale Canine. La SCC est membre de la FCI – Fédération Cynologique Internationale. Dans le cadre de la gestion du LOF, la SCC délivre un pédigree. Le pédigree détaille la généalogie du chien sur les 5 dernières générations. Il certifie l’exactitude de ses origines.
Dit comme ça, le LOF inspire de prime abord confiance. Il pourrait faire penser à d’autres initiatives déjà en place dans d’autres secteurs tels que l’agro-alimentaire avec des labels de qualité tels que le Bio, Label Rouge, les Appellations d’origines contrôlées etc. Mais qu’en est-il vraiment ? L’achat d’un chien de race inscrit au LOF garantit-il ses origines comme la SCC le prétend ?
Le LOF est-il fiable ?
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Sommaire
- Déclarations de l’éleveur à la SCC
- La Confirmation : une étape obligatoire du LOF
- Représentation du LOF dans la population canine Française
- Le LOF est-il fiable ?
- Un manque de rigueur de la SCC
- Les magouilles
- La SCC reconnaît le problème
- L’identification génétique obligatoire
- L’ADN obligatoire : quel bénéfice pour l’éleveur ?
- Comment garantir les origines ?
- Conclusion
- A lire également

Déclarations de l’éleveur à la SCC
Un éleveur doit déclarer une saillie dans un délai maximum de 8 semaines auprès de la SCC (et payer la somme de 12€). Au cours de cette déclaration, l’éleveur mentionne l’identité du père et de la mère des futurs chiots en se référant notamment à leurs numéros d’identification (tatouage ou puce). Les parents déclarés de la future portée doivent avoir été au préalable enregistrés dans le livre des origines (parents LOF).
A la mise bas , l’éleveur doit déclarer la naissance des chiots dans un délai de 2 semaines (et payer la somme de 34€ par chiot déclaré). En retour, l’éleveur recevra un certificat de naissance pour chaque chiot qu’il transmettra aux futurs propriétaires.
Ce certificat de naissance ressemble en tout point au pédigree définitif puisqu’il fournit un arbre généalogique des ancêtres du chiot sur les 5 dernières générations.
Cependant, pour pouvoir prétendre à l’inscription définitive au LOF au titre de la descendance, le propriétaire du chiot doit faire confirmer son chien.

La Confirmation : une étape obligatoire du LOF
Pour inscrire votre chien au LOF au titre de la descendance, il doit passer l’étape de la confirmation. La confirmation est un passage devant un juge qui ne pourra se dérouler qu’une fois la croissance du chiot terminée. Selon les races, la croissance est considérée terminée à partir de 10,12 ou 15 mois. La confirmation a lieu au cours d’une exposition canine ou lors de sessions organisées la veille d’une exposition canine. Il existe également des sessions de confirmations organisées dans les écoles vétérinaires. Le juge en charge de la confirmation validera si votre chien répond au Standard de sa race.
Réussite à la confirmation
Si votre chien réussit l’examen de confirmation, vous pourrez renvoyer le certificat de naissance de votre chien à la Société Centrale Canine qui vous renverra en retour le pédigree définitif de votre chien. Comptez un délai moyen de 6 semaines (et contre paiement d’une somme de 27 €). Ça y est, votre chien est LOF ! Le Saint-Graal en main, votre chien remplit l’une des premières conditions pour pouvoir reproduire.
Echec à la confirmation
Pour les chiens qui ont échoué à la confirmation, ils ne pourront jamais prétendre à l’inscription définitive au LOF au titre de la descendance… Vous avez acheté un chien de race auprès d’un éleveur qui produit du LOF, mais votre chien n’aura pas son inscription définitive au LOF… Il n’est pas conforme au Standard de sa race selon le juge qui a examiné votre chien. Vous avez bien la possibilité de faire appel (et de payer la somme de 110€) afin de repasser non pas devant un mais trois juges. Cette « cour d’appel » ne vous donnera pas droit à la Cassation en cas de nouvel échec. La décision rendue par cette « cour suprême » est définitive.
Vous n’êtes pas satisfait de cette situation ridicule où vous avez acheté un chien de race pur qui, au final n’en est pas un (sentiment perçu par leurs propriétaires) ? “Et bien retournez-vous contre votre éleveur qui a mal fait son travail”. C’est mot pour mot ce qu’un juge a dit à la propriétaire d’un chien recalé pour être trop grand (3,5 cm de plus que la limite haute autorisée du standard) lors d’une séance de confirmation à laquelle je participais ; avec en prime, le conseil du juge de demander à l’éleveur, le remboursement de la moitié du prix du chiot…

Représentation du LOF dans la population canine Française
Les chiens de races confirmés ne représentent seulement que 5% de la population canine Française…
L’ activité « confirmation » représentait une somme de 1.415.707 € en 2013 pour la SCC, représentant 20% de son chiffre d’affaire « tenue du livre généalogique », alors même que la confirmation, constat d’une conformité à un standard, ne représente pas un élément de fiabilisation des données généalogiques.
En se référant aux inscriptions annuelles au LOF, on peut estimer le pourcentage de chiens inscrits au livre des origines entre 20 et 25 % de la population canine Française, soit environ 1,5 millions.

En se référant au nombre annuel de confirmations par rapport aux nombre de chiens inscrits, on constate que le taux de transformation n’est que de 25% en moyenne. Ce qui situe le pourcentage de chiens inscrits et confirmés à uniquement 7,5 % de la population canine.

On peut estimer que plus de 75 % des chiens produits en France sont issus de reproducteurs non LOF, ce qui relativise la place et l’importance du chien de race dans la population canine française !

Le LOF est-il fiable ?
Revenons maintenant à l’essentiel de cet article : le LOF est-il fiable ? Est-ce qu’un propriétaire de chien LOF à la garantie de ses origines comme la Société Centrale Canine le garantie sur sa page dédiée au LOF.
La réponse est clairement NON et c’est là tout le scandale du LOF.
Un manque de rigueur de la SCC
Ce constat a déjà été fait dans le rapport n°13093-2 du CGAAER en février 2015.
“Le manque de rigueur dénoncé dans la gestion du LOF est patent. Il est indispensable que la SCC, chargée de la tenue du livre généalogique mette en place des contrôles internes et des indicateurs pertinents permettant de garantir la fiabilité des données généalogiques. Il y a en effet, une insuffisance de contrôle aléatoire en élevage pour vérifier les déclarations de saillie, les déclarations de naissance, l’identité des parents.”
Est-ce que les choses ont changé depuis ? Non… Lorsque je déclare une saillie auprès de la Société Centrale Canine, je n’ai jamais eu de contrôle. Je pourrais donc déclarer n’importe quel mâle pour peu que je possède son numéro d’immatriculation, personne ne viendra vérifier. Comme garantie des origines, on fait mieux quand même…
Les magouilles
Une éleveuse a démontré l’absence de contrôle de la Société Centrale Canine dans les déclarations de saillie. Comment ? en déclarant une saillie virtuelle et des chiots virtuels… Le père déclaré étant décédé un an avant la déclaration de saillie et la mère déclarée était une femelle agée de 9 ans, stérilisée 5 ans avant la soit-disant saillie… Et vous savez quoi ? Ça a marché ! Et tout ceci a été fait avec beaucoup d’humour : le nom donné au chiot virtuel était “Oh my god !”
C’est pas formidable le LOF ?
La SCC reconnaît le problème
La SCC reconnaît elle-même le problème de fiabilité de son livre des origines ! En effet, au cours d’une interview d’André Varlet, Directeur des Relations Extérieures de la Société Centrale Canine, dans laquelle il présente les évolutions du LOF à venir, la SCC reconnait que 80% des reproducteurs actuels n’assurent pas une traçabilité complète !
A 2’08mn, je cite : “le gros sujet, le sujet d’interrogation depuis longtemps, c’est la fiabilité par rapport aux origines mêmes. Qui est le père et qui est la mère”. Et de rajouter “20% des reproducteurs ont une traçabilité complète”. Autrement dit, le livre des origines géré par la Société Centrale Canine n’est pas fiable à 80%… CQFD. Et pour conclure, “pouvoir garantir enfin à l’avenir que le livre des origines Français soit parfaitement fiable à 99.9%”…
Pourtant, la SCC est catégorique dans son article intitulé “Certifier ses filiations” :
La compatibilité de filiation génétique est le seul moyen scientifique de s’assurer de la filiation”.

L’identification génétique obligatoire
Ca y est, c’est officiel, la SCC a trouvé l’arme imparrable pour rendre son LOF fiable !
L’identification génétique obligatoire des reproducteurs !
Dorénavant, à partir de 2023, plus aucune déclaration de saillie ne pourra être faite si les deux parents n’ont pas été au préalable identifiés génétiquement et leurs empreintes génétiques préalablement enregistrées (contre paiement de 10 euros par empreinte si elle a été faite dans un laboratoire autre que celui de la SCC).
Mais pas pour tout le monde…
En effet, des dérogations seront mises en place pour les races du Groupe 6 – Chiens courants, Chiens de recherche au Sang et Races Apparentées à l’exception du Beagle, du Dalmatien, du Chien de Rhodésie à crête dorsale et du Basset Hound. Egalement, les races patrimoniales à petit effectif (c’est à dire les races Françaises à moins de 1000 naissances annuelles en seront également dispensées)…
Raison donnée par la SCC pour cette dérogation : “Protéger les populations de races sensibles”…
Allez… Disons-le carrément, la plupart des races Françaises passent au travers… Et notamment les chiens de chasse avec entre autres, les chiens utilisés en grande vénerie… Ben oui… Comment voulez-vous savoir qui est le père dans une meute qui peut dépasser la centaine de chiens ?
Les lobbys de la chasse sont toujours aussi puissants…


L’ADN obligatoire : quel bénéfice pour l’éleveur ?
“En faisant identifier génétiquement chaque reproducteur, l’éleveur laisse la possibilité aux futurs acquéreurs de ses chiots de demander s’ils le souhaitent, une vérification de filiation avec les parents déclarés. L’ADN obligatoire pour les reproducteurs permet donc à tous les éleveurs LOF d’assurer aux futurs propriétaires des chiens, un maximum de transparence sur leur travail et de leur garantir des généalogies fiables”.
Dites-moi la SCC… Pouvez-vous nous dire statistiquement, quelle est la part des demandes de filiation faites par les propriétaires de chiens de race ?
Déjà que la part de confirmation est très faible, alors, on ne peut qu’imaginer à quel point le nombre de demandes de vérification de parenté effectuées par les propriétaires de chiens doit être ridiculement faible…
D’ailleurs, qu’est-ce qui motiverait un particulier, à investir (encore) de l’argent dans une demande de vérification de parenté ? Peut-être parce qu’il existe déjà un litige avec son éleveur ? Qu’un doute légitime dans l’esprit du propriétaire du chien vienne à remettre en question les origines véritables de son chien peut-être ?
C’est donc clairement du foutage de gueule… il n’y a pas d’autres façons de l’écrire autrement…. Rien ne changera dans les mauvaises pratiques, les magouilles et les arnaques au LOF. La Société Centrale Canine ne propose qu’une demi mesure qu’elle n’est même pas capable de faire appliquer à tout le monde !

Comment garantir les origines ?
Pourtant, il existe une solution est très simple pour garantir la fiabilité du Livre des Origines : la filiation obligatoire du chiot.
La Belgique, l’Allemagne, les Pays-Bas entre autres l’appliquent déjà … Pourquoi pas la France ? Ce n’est pas compliqué et la Société Centrale Canine ferait d’une pierre deux coups : l’identification génétique des parents (qui est déjà acté) ET celle de leurs chiots.
En effet, pour pouvoir procéder à la filiation du chiot, le pré-requis de l’identification génétique des parents est indispensable. La filiation du chiot est obtenue en comparant son empreinte génétique avec celles de ses parents.
L’éleveur commande un kit de prélèvement ADN sur le portail de la SCC. Le vétérinaire procède au prélèvement salivaire de chaque chiot de la portée en même temps qu’il procède à l’implantation de la puce d’identification pour l’I-CAD. Après analyse de l’empreinte génétique du chiot avec celles de ses parents, la Société Centrale Canine retournera le certificat de filiation de chaque chiot à l’éleveur qui pourra attester auprès de ses adoptants de la véracité des origines de ses chiots.
Conséquence directe : la fiabilité du LOF concernant les nouvelles inscriptions au titre de la descendance est automatiquement assurée !
La filiation du chiot pour toutes les races
Des races ne seraient pas capables de fournir l’identité génétique des parents du chiot quelles qu’en soient les raisons ? Très simple : pas de LOF pour eux. C’est simple, clair et net. Ils se contenteront d’un certificat de naissance. Celui qui existe déjà et valable pour tous ceux qui ne vont pas jusqu’à la confirmation.
En très peu de temps, la SCC pourra enfin garantir la fiabilité du livre des origines Français !
Si dorénavant, un chiot LOF possède sa filiation, pourquoi ne pourrait-il pas prétendre à avoir directement son pédigree définitif ? Après tout, il n’y a aucune raison pour qu’une saillie impliquant un Labrador (LOF, identifié ADN) qui a sailli une Labrador (LOF, identifiée ADN) produise autre chose que des petits Labradors, non ?
La confirmation réservée pour la reproduction
Gardons le principe de la confirmation, exclusivement pour la reproduction !
A condition, qu’un juge expert de la race en question (et non pas toutes races) s’en occupe… Les décisions de confirmation devraient plus impliquer les clubs de race. En effet, ce sont les mieux placés pour mettre en place des recommandations d’élevage des races qu’ils ont en gestion. En théorie, la génétique, les problèmes de morphotypes, l’équilibre des sexes au sein de la population effective, la taille de la population effective, les reproducteurs populaires, les coefficients de parenté (COR, Kinship et Mean Kinship) sont normalement des sujets parfaitement maîtrisés par les Clubs de Race (ou pas…).
Les clubs de race ne devraient pas non plus être obligés de payer 150 euros en caution à la Société Centrale Canine pour faire appel d’une décision de confirmation…
Est-ce faisable ?
Je connais à l’avance, ce que certains éleveurs vont me rétorquer : la filiation du chiot est impossible à mettre en place étant donné qu’en grande majorité, les chiots rejoignent leurs familles à l’âge de 8 semaines… Les papiers de filiation ne peuvent pas arriver avant leur départ chez leur famille… Il n’y aurait donc aucun moyen au moment de la vente, d’attester l’origine du chiot vendu.
Vous voulez une solution ? Très simple : gardez les chiots jusqu’à 12 semaines.
Chez Khalibisnya Maginwulf, les chiots restent à l’élevage jusqu’à 12 semaines. Ils partent dans leurs familles avec leur Certificat de Naissance, leur identification génétique ET leur filiation. Selon les cas, il y a même le temps de recevoir les éventuels dépistages génétiques ! (Plus de détails dans la rubrique FAQ de mon site).
Garder ses chiots 12 semaines, c’est aussi contribuer à une meilleure socialisation et sociabilisation. Ca coûte plus cher à l’éleveur, certes, mais le résultat en vaut la peine.

Conclusion
Le LOF n’est pas et ne sera toujours pas fiable. Pourtant, une solution très simple existe : la filiation obligatoire des chiots. Cette simple mesure entrainerait une totale fiabilité des nouvelles inscriptions au LOF. Elle permettrait également de mettre en valeur la production des éleveurs responsables.
La demi-mesure mise en place par la SCC tombe au même moment où elle décide de transiter vers un nouvel ISAG des identités génétiques… En effet, l’ISAG 2006 actuellement en place utilise des marqueurs de la famille des microsatellites (STR – Short Tandem Repeat) alors que le nouvel ISAG 2020 utilise des marqueurs de la famille des SNPs (prononcez “SNIPS” pour Single Nucleotide Polymorphism). Hors, les deux ISAG ne sont pas compatibles pour procéder à la filiation du chiot ! Comme l’explique la SCC sur sa page dédiée, il faudra bien choisir l’identification génétique la plus adaptée… Un exemple : si le père (imaginons qu’il s’agisse d’un mâle étranger) a été identifié avec ISAG 2006 et que la mère l’a été avec ISAG 2020, la filiation des chiots sera impossible sauf à demander au propriétaire du mâle étranger de refaire passer à son mâle une identification génétique ISAG 2020… Autre cas, le père et la mère ont été identifés avec ISAG 2006, et les chiots ont leur empreinte génétique sous ISAG 2020 ; la filiation ne sera pas possible également…
La SCC met donc en place une mesure qui ne garantira en rien la fiabilité du livre des origines. Même si l’identification génétique des reproducteurs devient obligatoire, la filiation du chiot reste optionnelle. La filiation demeure une procédure basée sur le volontariat des éleveurs et sur la requête d’une poignée de particuliers désireux de faire vérifier les déclarations de l’éleveur sur les origines de leur chiot.
Pourquoi la SCC ne met pas les moyens nécessaires pour garantir l’origine des chiens inscrits au LOF alors qu’une solution très simple et très efficace existe ?
Pourquoi la demi-mesure mise en place par la SCC ne concerne pas les races du Groupe 6 ainsi que les races patrimoniales à petit effectif ?
Pourquoi la SCC ne va pas au bout de sa démarche ?
Qui, la SCC protège t-elle avec ces demi-mesures alors que la filiation du chiot est déjà mise en place chez nos voisins Européens ?
Quand est-ce que l’Etat, propriétaire du Livre des Origines Françaises, interviendra dans la gestion de son délégataire pour faire arrêter cette masquarade ?