Qui connaît l’origine du chien-loup de Saarloos ?
Toutes les personnes plus ou moins impliquées dans la race et tous les passionnés le savent : le berger allemand Gérard et la louve européenne Fleur sont à l’origine de la race du chien-loup de Saarloos.
Et maintenant, qui connaît les premières générations du chien-loup de Saarloos ?
Celles qui, entre autres, ont constitué le pool génétique de départ du chien-loup de Saarloos ? Pour parler plus simplement, qui connaît les fondateurs de la race ? Beaucoup moins de monde en fait… Pourquoi ? Parce qu’il faut remonter très loin dans les pédigrees et que ces informations ne sont pas facilement disponibles au plus grand nombre. De plus, l’architecture d’un pédigree rend la lisibilité des ancêtres très compliquée à de telles profondeurs de générations !
Or, si l’histoire des premières générations de la race est peu connue, comment avoir une idée de la sélection appliquée très tôt dans la race ? Comment connaître le degré de consanguinité de la race sans cet élément ? La consanguinité ne se dilue pas avec le temps ; elle se cumule avec les générations…
Pour connaître la consanguinité au travers des pédigrees, il faut utiliser l’intégralité des données généalogiques et ne pas se limiter aux 3, 4 ou 5 générations figurant sur un pedigree délivré par les instances cynophiles sous peine de largement sous-estimer le résultat.
L’histoire de la race du chien-loup de Saarloos se distingue par un pédigree peu diversifié dû à une sélection étroite appliquée très tôt dans l’histoire de la race et qui n’a cessé d’être appliquée jusqu’à nos jours.
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Sommaire :
Le pédigree

Le mot “pédigree” est apparu dans la langue anglaise sous la forme “pee de Grewe” qui vient du Français “pied de grue”. Cet emprunt vient de l’analogie visuelle entre la trace du pied de cet oiseau et les trois traits utilisés dans les registres officiels anglais pour indiquer les ramifications d’un arbre généalogique. Le pédigree est le document incontournable pour toutes les races de chiens. Il est censé attester de l’origine des ancêtres d’un chien dit de race pure. J’ai écrit « censé attester » car malheureusement trop peu de pédigrees incluent la filiation. En effet, seule la filiation garantie les origines d’un chien…
Le pédigree 5G

Le pédigree de cinq générations est le pédigree utilisé aujourd’hui en France. Il est délivré par la Société Centrale Canine et accompagne toute vente de chiots inscrits au livre des origines – LOF. Un pédigree cinq générations implique 62 chiens.
A savoir : le nombre de générations apparaissant dans un pédigree varie en fonction du pays. Par exemple, en Allemagne, le pédigree est de 4 générations alors qu’aux Pays-Bas il n’est que de 3 générations.
Le pédigree 5G est utilisé par la majorité des éleveurs pour analyser les ancêtres d’un étalon lors de la préparation d’une future combinaison. Mais pourquoi cinq générations et pas plus ?
Parce qu’il est considéré par les instances cynophiles que l’influence d’un ancêtre situé au-delà de cinq générations est négligeable et que la probabilité qu’un allèle se soit transmis depuis l’ancêtre commun se situant au-delà de cinq générations jusqu’au sujet considéré, par son côté paternel et maternel, est proche de zéro.
Nous verrons plus loin, que cette affirmation est totalement fausse.
Cette profondeur de générations a également été choisie afin de pouvoir comparer les valeurs de consanguinité entre les sujets. En effet, la comparaison n’a de sens que si le calcul de consanguinité est effectué sur le même nombre de générations.
Cependant, le pédigree 5G ne reflète en aucun cas le statut homozygote de votre chien. Les instances cynophiles sont principalement concentrées sur le phénotype (les traits observables) et le caractère. Logique, puisque c’est ce qui définit une race de chien. Cependant, sur un plan génétique, un pédigree si peu profond n’apporte que des informations erronées sur l’état homozygote des gènes de votre chien…

Pour faire une analogie, comparons un pédigree avec un iceberg.
Cinq générations ne représentent que le sommet émergé de l’iceberg… Ces cinq générations sont la partie visible. Mais la très grande majorité des ancêtres au-delà des cinq générations n’apparaissent pas. Ils sont comme la partie immergée de l’iceberg. Ne pas prendre en compte la partie immergée de l’iceberg pour en estimer sa taille totale sous-estimerait très largement le résultat. Pensez à cet exemple dès lors ou quelqu’un essaye de vous expliquer la consanguinité d’un chien au travers d’un pédigree 5G ! Si vous ne remontez pas le plus loin possible dans les pédigrees, si possible jusqu’aux fondateurs, la valeur de consanguinité calculée sera très largement sous-estimée.
Le pédigree 7G
Augmentons donc la profondeur de deux générations et passons d’un pédigree 5G à un pédigree 7G. Ça commence à devenir compliqué n’est-ce pas ? Un pédigree de sept générations implique 254 chiens… Ces deux générations supplémentaires rajoutent 192 chiens de plus par rapport à un pédigree 5G qui en comptait « seulement » 62.
Pour ceux qui savent calculer un taux de consanguinité au travers de la méthode des chemins, l’exercice commence sérieusement à se compliquer ici… Cependant, le résultat de consanguinité sera toujours aussi sous-estimé qu’avec un pédigree 5G. Mais surtout, le pédigree 7G ne donne toujours pas d’information sur l’histoire de ces lignées, sur la force de sélection appliquée au fil des générations depuis la création de la race…
Le pédigree 8G
Alors passons d’un pédigree sept générations à un pédigree huit générations. La génération supplémentaire fait à elle seule, doubler le nombre de chiens impliqués dans un pédigree 8G ; passant de 254 à 510 chiens… Nul besoin d’expliquer davantage : la difficulté d’analyse d’un tel pédigree relève du challenge et de beaucoup de patience… Et bien sûr, toujours pas d’information sur l’histoire des lignées et de la force de sélection appliquée depuis le début de la race…
Comment faire pour aller plus loin et surtout avoir une vue globale plus représentative de la consanguinité des lignées impliquées dans un pédigree ?
Le PedChart

Le PedChart est également un pédigree mais sous une forme graphique différente. Ci-dessus, le PedChart du précédent pédigree 8G.
Le principe du PedChart
Un PedChart se lit comme un pédigree classique ; de la gauche vers la droite. En bleu, les mâles, en rose, les femelles. Les liens de parentés sont également de couleur bleu ou rose selon si le lien est paternel ou maternel. On peut trouver également pour chaque chien composant un PedChart, son taux de consanguinité ainsi que son Coefficient de Parenté (COR – de l’Anglais : Coefficient of Relationship). Le logiciel générant ce type de graphique permet également d’y ajouter des informations supplémentaires tels que numéro d’enregistrement, éleveur, propriétaire, pays d’origine etc. Donc finalement, bien plus renseigné qu’avec un pédigree classique.
Mais la principale différence avec un pédigree classique est que chaque ancêtre n’y est représenté qu’une seule fois. Et ce, même s’il s’agit d’ancêtres communs apparaissant plusieurs fois dans le pédigree. Seuls les liens de parentés entre ces ancêtres communs et leurs descendants sont toujours clairement visibles. Grâce à cette astuce, le nombre de chiens apparaissant sur un pédigree baisse drastiquement. Ainsi, de 510 chiens pour le pédigree 8G nous passons à 187 chiens pour son équivalent en PedChart soit presque trois fois moins de chiens.
Enfin, et surtout, la forme générale du PedChart va nous permettre de voir au premier coup d’oeil si nous avons affaire à un pédigree étroit et consanguin !
Analyse des PedCharts pour les autres races
Avant d’étudier différents PedCharts pour le chien-loup de Saarloos, intéressons-nous au préalable à des PedCharts issus d’autres races de chiens afin de comprendre à quel point la sélection appliquée à une race pourtant aussi jeune que celle du Saarloos est étroite…
Le Caniche
Voici un PedChart remontant jusqu’aux origines pour un Caniche.
Malheureusement, il ne s’agit ici que d’une copie écran. Par conséquent la faible définition ne permet pas de zoomer dans l’image pour obtenir de plus amples détails. Mais ce n’est pas grave. L’important est dans la forme du PedChart… Je vais y revenir plus loin.
A gauche du PedChart, le chien concerné, à droite, le couple fondateur. Tous les petits carrés n’ayant pas de lien de parenté au tout début du pédigree à droite sont des chiens d’autres races, en principe non apparentés, venant créer et modeler la race avant qu’elle ne soit fixée et reconnue par un standard.
Le nombre de générations inclues dans ce PedChart est énorme ! Il aurait été impossible d’obtenir la même chose au travers d’un pédigree classique sous une forme aussi compacte et synthétique.
On peut noter sur la droite du PedChart, un nombre importants d’ancêtres théoriquement non apparentés venus très tôt dans le pédigree, apportant ainsi de la diversité au pool génétique d’origine de la race. On peut également observer que la hauteur du PedChart s’élargit de plus en plus au fil des générations, entretenant ainsi une certaine variabilité génétique de part le nombre d’ancêtres uniques présents dans cet arbre généalogique. Cependant, la position du chien dont on étudie le pédigrée est désaxée vers le haut ; indiquant que la consanguinité est plus importante côté père que côté mère, du fait d’un nombre d’ancêtres uniques plus faible côté père. Encore un avantage supplémentaire du Pedchart face au pédigree classique.
Nous avons donc affaire ici à un pédigree certes consanguin (comme toutes les races de chiens puisque les lignées sont apparentées) mais avec un nombre d’ancêtres uniques important afin de préserver une diversité génétique qui n’entraînera pas de dépression de consanguinité excessive. Pour rappel, la moyenne de consanguinité génétique du caniche est de 14.9%.
Ce PedChart donné en exemple pour le Caniche a un autre avantage ; celui de mettre en évidence le fléau des mâles populaires… En effet, vous trouverez sur le graphique, un ancêtre désigné par une flèche noire. Cet ancêtre est tristement célèbre dans les lignées de ce caniche pour avoir été sur-exploité pour la reproduction parce qu’il s’agissait notamment du multi-champion de beauté de l’époque… Les descendants de ce mâle populaire ont été colorés en rouge… Vous voyez le problème ? Ce mâle populaire aura transmis la moitié de ses gènes, bons et mauvais, à chacun de ses descendants, de sorte que de nombreuses copies de ses mutations récessives non exprimées auront été distribuées chez ses descendants. Non seulement un mâle populaire est dangereux s’il porte en lui une ou plusieurs mutations récessives délétères non encore exprimées mais il ruine totalement la belle diversité génétique précieusement acquise jusque-là par une sélection qui était jusqu’alors très diversifiée en termes d’ancêtres…
Le Golden Retriever

Que pouvons-nous dire sur le PedChart de ce Golden Retriever en comparaison de celui du Caniche vu plus haut ?
Tout d’abord, que la largeur du PedChart est moindre, traduisant ainsi une sélection plus étroite que celle qui avait été appliquée pour le Caniche.
Ensuite, que la consanguinité est plus importante côté père.
Enfin, que la population fondatrice est relativement diversifiée mais un goulot d’étranglement est survenu très tôt dans les lignées pour s’élargir par la suite.
En résumé, il s’agit ici de lignées consanguines mais avec une certaine diversité d’ancêtres utilisés sur la majeure partie du pédigree mais dont la quasi-totalité dépendent d’une sélection très étroite sur la population fondatrice de la race… La consanguinité de ce Golden Retriever a donc de grande chance d’être supérieure à celle de notre Caniche… Pour rappel, la moyenne de consanguinité génétique du Golden Retriever est de 27.3%.
Analyse des PedCharts pour le chien-loup de Saarloos
Revenons au chien-loup de Saarloos. Maintenant que nous avons compris qu’il y a une relation directe entre la hauteur d’un PedChart et la consanguinité qui en résulte, qu’en est-il pour notre race de coeur ?
Lignées NVSWH

Voici le PedChart d’un mâle de la NVSWH (population Hollandaise fermée depuis les années 80). A gauche, le mâle étudié, à droite le couple fondateur Gérard et Fleur. Ce pedchart représente moins d’une vingtaine de générations. Cette vue globale jusqu’aux fondateurs aurait été impossible à obtenir au travers de pédigrees classiques.
Que nous dit la forme très étroite de ce PedChart ?
Une petite population fondatrice suivi d’une sélection étroite avec un goulot d’étranglement au deux tiers du PedChart. La dernière partie du PedChart est toujours aussi étroite.
Il s’agit clairement de lignées hautement consanguines !
Le taux de consanguinité calculé jusqu’aux fondateurs est de 62% !
Un génotypage ADN chez Embark donne un taux de consanguinité génétique de 54% !
Je pourrai vous publier des PedCharts d’autres sujets de la population NVSWH mais tous les résultats seraient très similaires…
Lignées Françaises
Vous pensez que les lignées Françaises font mieux ? Voici les PedCharts des mâles populaires les plus utilisés dans nos lignées Françaises.














Je pourrais encore rajouter pleins d’autres Pedcharts, y compris de portées de ces dernières années mais le résultat serait pratiquement le même… Il s’agit d’un problème général, que ce soit d’hier ou d’aujourd’hui et quel que soit l’élevage…
Est-il possible malgré tout de faire mieux ? Oui, il est possible de faire mieux en terme de diversité que tout ce que vous venez de voir. Quelques éleveurs ont ces derniers temps fait beaucoup d’efforts sur ce point.
Voici quelques PedCharts des dernières portées tous pays confondus.






Cependant, malgré une augmentation claire de la diversité des ancêtres sur le dernier tiers de ces derniers PedCharts, les taux de consanguinité de ces portées ont certes baissé mais n’ont pas non plus diminués drastiquement… Ils ont tous en commun l’extrême étroitesse de leur première moitié de PedChart… Ces générations qui n’apparaissent pas sur des pédigrees peu profonds de cinq générations.
Avec la plus grande motivation et volonté possible, les quelques éleveurs impliqués sur les questions de diversité génétique vont très vite arriver dans un cul de sac, et ce, pour plusieurs raisons.
La taille de la population effective est trop petite.
Arriver à faire baisser la consanguinité c’est trouver des lignées dont les ancêtres puissent être le moins communs possibles entre elles. Sans oublier que le choix se réduit encore d’autant plus avec la compatibilité porteurs/sains des maladies héréditaires connues et pour lesquelles il existe un test mais aussi les résultats APR, Dysplasie, épilepsie etc…
Comme il n’y a pas assez de reproducteurs, les éleveurs tournent en rond sur les mêmes lignées…
La sélection très étroite appliquée dès le début de l’histoire du Saarloos a généré mécaniquement un niveau de consanguinité élevé dès les premières générations après création de la race. Puis l’élevage du chien-loup de Saarloos n’a été par la suite que successions de combinaisons hautement consanguines…
En fait, si je devais faire un constat objectif et mettre de côté l’amour et la passion que j’ai pour cette race, le chien-loup de Saarloos n’aurait jamais dû être reconnu comme race dans les années 70. C’était trop tôt. Dès le départ, sa petite population fondatrice a déterminé un pool génétique constitué de trop peu d’individus. La taille de la population fondatrice n’était pas suffisante.
Puis, l’élevage du chien-loup de Saarloos en livre fermé n’a eu de cesse de faire augmenter cette consanguinité. Lorsque je regarde les pédigrees de certains chiens nés dans les années 80, j’ai honte… Et en 2024, il existe encore tellement d’éleveurs qui ne s’intéressent toujours pas à ce problème, par ignorance ou par conviction. Tellement de portées sans même une seule information sur le taux de consanguinité estimé de la portée. Et quand il existe, neuf fois sur dix, il est complètement faux…
Conclusion
Tout ceci n’est pas très optimiste, me diriez-vous…
En effet, ça ne l’est pas…
Je tiens ici à rappeler encore et encore, une chose primordiale : je ne suis pas contre la consanguinité ! Je tiens à le préciser pour éviter tout type de raccourci bateau du genre « Sans la consanguinité, il n’y aurait pas de chiens de races » bla bla bla… La consanguinité ne me pose pas de problème dans l’élevage de chiens de races ! Si tel était le cas, j’élèverai plutôt des bâtards… Mon combat n’est pas contre la consanguinité mais contre l’excès de consanguinité auquel nous sommes arrivés aujourd’hui !
Il existe des races de chiens tels que :
- le Chien de ferme Dano-Suédois (Standard FCI n°356)
- le Mudi (Standard FCI n°238)
- le Parson Russel Terrier (Standard FCI n°339)
- le Jack Russel Terrier (Standard FCI n°345)
- le Bichon Bolonais (Standard FCI n°196)
- le Barbet (Standard FCI n°105)
- le Koolie (non reconnue FCI).
Ces races de chiens sont parfaitement typés et au caractère attendu avec des niveaux de consanguinité inférieurs à 10%. Comme quoi, c’est possible ! Il est prouvé que des niveaux élevés de consanguinité entraînent des conséquences sur la santé, sur la taille des portées et la survie néonatale. Le seuil de 10% est la limite haute validée par tous les scientifiques et tous les généticiens qui ne devrait pas être dépassée sous peine de graves troubles héréditaires (plus de 400 troubles et maladies héréditaires sont à ce jour connus).
Malgré une histoire récente en comparaison des autres races de chiens, le chien-loup de Saarloos présente un taux moyen de consanguinité génétique de 34% ! Les Saarloos sont donc plus apparentés que des frères et soeurs ! Au-delà du côté incestueux que cela évoquerait pour le public, un tel niveau de consanguinité entraîne fatalement un état homozygote des gènes beaucoup plus important que ce que l’on pourrait trouver dans n’importe quelle autre race domestique ou d’animaux sauvages vivant sur cette planète !
La race est donc foutue ? En l’état actuel des choses oui, si la majorité des éleveurs continuent d’agir comme si de rien n’était. S’ils continuent à planifier des combinaisons hautement consanguines sans se préoccuper du taux de consanguinité de leurs portées, sans essayer à minima, que le taux de consanguinité des chiots produits soient au moins inférieur à celui de leurs parents et si possible, inférieur à la moyenne de la race… S’ils continuent d’agraver les choses plutôt que d’amorcer un tournant franc et massif.
Mais nous l’avons vu plus haut ; cela ne suffira pas… La petite population effective, le petit nombre de lignées disponibles, l’héritage homozygote d’une grande partie des pédigrees sont des raisons qui limiteront les champs d’actions et emmèneront les éleveurs, y compris les plus motivés, vers un cul de sac…
Alors, il y a l’étape intermédiaire : le sidecross. C’est à dire, de combiner des sujets issus de deux populations qui se sont isolées l’une de l’autre depuis des générations. On reproduit ainsi une étape naturelle qui se produit depuis la nuit des temps chez les populations d’animaux sauvages. En effet, lorsque deux sous-populations (troupeaux, meutes etc.) se sont séparées géographiquement l’une de l’autre depuis des générations et se retrouvent au gré des déplacements et des migrations ; un phénomène d’hétérosis en résulte. Chez le chien-loup de Saarloos, la population de la NVSWH s’est isolée depuis les années 80. Pouvoir combiner un sujet issu de cette population avec un autre sujet issu de la population générale revient à reproduire un semblant d’hétérosis appliqué naturellement dans la nature. Cette étape, je l’ai effectué avec ma portée 2022 Mountain Dew Phillip x Khalibisnya Maginwulf Millesys. Sur un plan génétique, les chiots issus de cette portée sont précieux pour la race puisqu’ils possèdent un pool génétique doté d’une nouvelle distribution d’allèles. Idéalement, il faudrait pouvoir reproduire ces combinaisons avec d’autres sujets un peu partout en Europe et que les chiots issus de ces combinaisons rejoignent la population effective !
Malheureusement, cette étape intermédiaire ne sera pas suffisante pour faire descendre la consanguinité du Saarloos en-dessous des 10%… En effet, les niveaux de consanguinité sont tels, qu’il faudra alors passer à l’étape supérieure : l’outcross. C’est à dire le croisement avec d’autres races de chiens, idéalement non apparentées, afin d’obtenir un pool génétique restauré par ajout de sang nouveau.
Quels sont les éleveurs qui se porteront volontaires pour aider la race au travers de programmes outcross ?
Combien y en auraient-ils prêts à mettre momentanément de côté leur culte du type idéal et à produire des chiens ne pouvant être vendus comme des Saarloos pure race jusqu’à ce que le type revienne après plusieurs backcross (rétro-croisements) ?
Mais encore une fois, les choses ne sont pas aussi simples… En effet, les premières générations issues des programmes outcross aux Pays-Bas ont montré des taux de consanguinité génétique bien plus élevés que ceux que l’on aurait pu attendre de tels croisements. La moyenne des taux de consanguinité génétique obtenu en F2 avec les combinaisons Berger Blanc Suisse x Saarloos, Chien d’Elan Norvégien x Saarloos et Husky x Saarloos est de 22%…
Eh oui… Les races de chiens sont bien plus apparentées qu’on ne le croit…
Les nouveaux outils aujourd’hui disponibles tels que la consanguinité génétique par analyse SNPs et les coefficients de parenté calculés d’après l’analyse ADN auraient pu très certainement changer la donne s’ils avaient été disponibles lorsque ces programmes outcross ont commencé… Faire un prélèvement salivaire est un geste facile et le test Embark est abordable. Sans cet outil, il est impossible de connaître le taux de consanguinité génétique estimé d’une future portée. Qu’elle soit issue d’une combinaison pure race ou d’un croisement.
L’avenir du chien-loup de Saarloos dépend donc du succès des combinaisons croisées futures. Je me pose très sérieusement la question de mettre en pause l’élevage pure race du Saarloos et de m’impliquer dans l’outcross pour les prochaines portées à venir.





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