
Une étude menée par des généticiens et publiée fin 2021 a exploré les relations entre la consanguinité, la morphologie et la santé en utilisant des taux de consanguinité génétiques, des données de poids corporels et des données d’assurances pour la morbidité.
Les taux de consanguinité génétiques de 227 races de chiens sont communiqués et pour la première fois, celui du chien-loup de Saarloos également !
Alors verdict ? Quels sont les véritables niveaux de consanguinité des chiens de race ?
Les chercheurs ont-ils pu mettre en corrélation la consanguinité et la santé des chiens de race ?
Je vous ai traduit en français les parties les plus importantes de l’étude.
Le lien internet vers cette étude est disponible en fin d’article ainsi que toutes les sources ayant servies à l’élaboration de cet article.
Temps de lecture estimé : 32 minutes
Sommaire
Préambule de l’étude

Quelques citations extraites du préambule de l’étude :
“Le taux de consanguinité peut être estimé à l’aide des pedigrees. Cependant, à moins que les calculs n’incluent l’arbre généalogique complet et ne se limitent pas à quelques générations, le taux de consanguinité issu des pedigrees peut sous-estimer la consanguinité réelle de 5 à 10 fois !”
“Plus récemment, la mesure des niveaux de consanguinité génétique par l’analyse ADN du chien est devenue une option réalisable et abordable. Les résultats de ces mesures ont fourni des preuves que les races de chiens ont des niveaux de consanguinité considérés comme extrêmement élevés.”
“Il est prouvé que des niveaux élevés de consanguinité entraînent des conséquences sur la santé, sur la taille des portées et la survie néonatale.”
“La domestication du chien et la formation des races ont augmenté le nombre de variantes génétiques délétères au sein des races.”
“Les races individuelles ont également de fortes prédispositions à des maladies héréditaires spécifiques. L’outil en ligne OMIA (Online Mendelian Inheritance in Animals) en répertorie leur nombre et les résultats pour le chien sont affligeants : 841 troubles héréditaires connus à ce jour !
Ces troubles héréditaires sont pour partie dus à des fréquences alléliques élevées de mutations récessives délétères et d’autres restent inexpliquées et probablement de nature polygénique.”
“Les chiens de races mixtes présentent un risque de maladie moindre que les chiens de races pures.”
Les résultats de l’étude

Quelques citations extraites des résultats de l’étude :
“La majorité des races de chiens affichent des niveaux très élevés de consanguinité bien au-dessus de ce qui serait considéré comme sûr pour les humains ou pour les populations d’animaux sauvages.”
“Chez l’homme, il a été démontré que des niveaux modestes de consanguinité (3 à 6%) étaient associés à une prévalence accrue de maladies complexes d’apparition tardive ainsi qu’à d’autres types de dépression de consanguinité (les Samaritains de Cisjordanie en sont un bon exemple). Ces découvertes faites chez d’autres espèces, combinées aux prédispositions incroyablement fortes des chiens de race à des maladies complexes comme les cancers et les maladies auto-immunes, mettent en évidence le rôle majeur d’une consanguinité élevée chez les chiens de race pour leur santé.”
Afin de pouvoir facilement comparer les résultats de consanguinité pour chaque race, je vous ai fait ce graphique. J’y ai également positionné des lignes horizontales de couleurs reflètant les différents liens de parenté afin de se rendre compte du niveau ahurissant de ces résultats (cliquez sur le graphique pour l’agrandir).

– cousins / cousines = 6.25 % (ligne orange)
– demi-frères / demi-sœurs = 12.5% (ligne rouge)
– frères / sœurs = 25% (ligne jaune)
– Consanguinité du chien-loup de Saarloos (ligne bleu)
Ci-dessous, les mêmes résultats sous la forme de tableur Excel.
Les filtres sont fonctionnels.
Le chiffre à retenir : 24.9%
La consanguinité moyenne des 227 races de chiens est de 24.9%, équivalent à un lien de parenté frère / soeur…

Chien-loup de Saarloos : GenCOI = 33.6%
Berger Hollandais – Poil court : GenCOI = 17.6%


Berger Hollandais – Poil long : GenCOI = 39.9%
Berger Hollandais – Poil dur : GenCOI = 35.9%


Akita Inu : GenCOI = 42.6%
Basenji : GenCOI = 54.2%

Seulement 12 races sur les 227 ont des valeurs de consanguinité inférieures à 10%.
Ce sont principalement des races jeunes ou des races avec des croisements récents telles que le Tamaskan, le Barbet et le Labradoodle Australien. Ces races démontrent qu’une consanguinité élevée est le résultat de livres des origines fermés ou d’un petit nombre de fondateurs (ou les deux à la fois).
Mais il y a aussi des races locales (Chien de ferme Dano-Suédois (Standard FCI n°356) , Mudi (Standard FCI n°238) et Koolie (non reconnue FCI) qui démontrent également qu’il est possible d’obtenir un type de race cohérent sans pour autant avoir eu recours à une consanguinité anormalement élevée.

PROBABLEMENT GRÂCE À UNE POPULATION FONDATRICE RELATIVEMENT IMPORTANTE ET À UNE SÉLECTION BASÉE SUR LA FONCTIONNALITÉ ET NON SUR L’ESTHÉTISME.
Le groupe 5 (races primitives) a une faible morbidité moyenne, ce qui n’avait jamais été rapporté auparavant (à l’exception du Norrbottenspitz).
Le groupe 2 (types Molosses) a une morbidité moyenne très élevée.
Les races avec des niveaux de consanguinité plus élevés nécessitent plus de soins vétérinaires.
Il y a des exceptions intéressantes à la corrélation entre la consanguinité et la santé. Les races Border Terriers, Basenji, Colley et Setter Anglais ont une consanguinité élevée mais une faible morbidité.
De même, le Malinois, le Spitz nain et le Tsvetnaya Bolonka russe ont une consanguinité plus faible mais une morbidité élevée.
Dans le cas de races saines avec une consanguinité élevée, il est possible que ces races aient été purgées des allèles délétères (comme cela s’est produit en laboratoire avec des souches de souris consanguines).
Dans le cas inverse, (consanguinité moindre et morbidité élevée), les morbidités enregistrées pourraient être des maladies mendéliennes à haute fréquence allélique ou potentiellement des affections liées à des phénotypes en sélection dans la race.
Les données utilisées pour l’étude

Deux ensembles de données ont été utilisé :
- Les résultats d’hétérozygotie SNP de la diversité génétique de 49 378 chiens (227 races) génotypés chez MyDogDNA ou Optimal Selection entre le 3 avril 2015 et le 23 juin 2020. Cela représente 476 individus pour le chien-loup de Saarloos.
- Des échantillons d’ADN de 274 chiens appartenant à 19 races différentes ont été prélevé comme sujets pour des maladies. Ils ont été génotypés avec Illumina Canine HD (173 000 SNP) pour déterminer leur taux de consanguinité génétique.
Les valeurs de diversité génétique (H) ne fournissant pas une relation simple au pedigree, les généticiens ont voulu déterminer quelle était leur équivalence au taux de consanguinité (F) par corrélation de Pearson.
Une régression linéaire a été effectué pour obtenir des valeurs de consanguinité ajustées (Fadj) pour les 227 races. Ainsi, une valeur H de 33,1 % équivaut à une valeur Fadj de 0,25.
Ce qu’il faut retenir :
Un taux de diversité génétique de 33,1% dans MyDogDNA, correspond à un taux de consanguinité génétique de 25%.

Ce graphique démontre la corrélation entre la courbe de diversité génétique (ligne bleu) et la courbe de consanguinité génétique (ligne orange).
Le point de bascule des deux courbes se trouve à envion 31%
La consanguinité (F) des 274 chiens du deuxième ensemble de données était fortement corrélé avec la diversité génétique (H) des 49 378 chiens génotypés chez MyDogDNA du premier ensemble de données. Une régression linéaire a été effectuée pour obtenir des valeurs de consanguinité ajustées (Fadj)pour chaque race.
Ces données sources, sous formes de tableaux Excel sont disponibles au téléchargement dans la section “Sources” se trouvant en fin d’article.
Le taux de consanguinité 5 générations

Lorsque j’ai commencé ma série d’articles sur la consanguinité du chien de race, mon premier message avait été de démontrer que les taux de consanguinité habituellement calculés sur 5 générations ne voulaient rien dire et que seul le taux de consanguinité toutes générations (jusqu’aux fondateurs) représentait le niveau d’homozygotie réel estimé d’un chien.
Que n’avais-je pas dit là… On m’a regardé avec des yeux ronds voir pour certains avec un certain dédain ; qui étais-je pour remettre en cause les pratiques cynophiles bien ancrées depuis des dizaines d’années ?…

Le taux de consanguinité 5G, c’est comme un iceberg. Il ne représente que la partie émergée, la partie la plus petite. La grande majorité de la masse de l’iceberg est immergée et ne se voit pas. Pourtant, elle fait bien partie du même iceberg !
Annoncer pour une portée, un taux de 1.5%@5G alors qu’en réalité, il est 30 fois plus élevé, ça n’a pas de sens !
Annoncer pour une portée, un taux de 0%@5G parce qu’aucun ancêtre commun n’apparait sur le pedigree, alors qu’en réalité, il est de 38%, c’est encore pire…
Je dirais même que pour le néophyte, c’est trompeur voir mensonger. Ça ne reflète absolument pas le niveau réel d’homozygotie du chien qu’il va acheter. Pire, l’adoptant s’imaginant qu’il vient d’acheter un chien non consanguin et entièrement dépisté des maladies héréditaires connues, il est loin de s’imaginer qu’en fait, son chien à 3,8 chances sur 10 qu’un gène pris au hasard possède deux copies du même allèle et si par mal chance ce gène devait être délétère, de développer un trouble génétique héréditaire…
En fait, cette habitude de communiquer sur des taux de consanguinité calculés sur si peu de générations a plusieurs origines :
- L’impossibilité pour l’éleveur de calculer un taux de consanguinité. Oui, je sais ça paraît dingue mais croyez-moi, il y a bien plus d’éleveurs incapables de les calculer que d’éleveurs capables… Alors, ils se réfèrent aux taux de consanguinité 5G donnés sur le site de la SCC – LOF Select et prennent pour argent comptant la valeur calculée par l’outil en ligne de création d’alliance virtuelle…
- Un non-sens d’un point de vue génétique, déclaré et diffusé par les instances cynophiles elles-mêmes.
En effet, la SCC écrit et dit à qui veut bien l’entendre, “qu’au-delà de 5 générations, on peut considérer que l’influence d’un ancêtre est négligeable, c’est-à-dire que la probabilité qu’un allèle se soit transmis depuis l’ancêtre commun jusqu’au sujet considéré par son côté paternel et maternel est proche de 0 ».
Là encore, la SCC ne parle que sur le plan du phénotype en partant du principe que le beau mâle populaire et multi-champion qui se trouve en 6ème et 7ème génération sur le pedigree de votre chiot a très peu de chances d’avoir transmis ses qualités de champions à votre chiot…
On parle ici de choses visibles, de traits physiques. Mais sur le plan de la santé, sur des choses non visibles (donc non sélectionnable par l’éleveur) mais agissant directement sur la santé du chien, que dit la SCC ? Rien du tout…
En effet, qu’advient-il du gène délétère devenu homozygote par consanguinité survenue au-delà de la 5ème génération ?
S’arrêterait-il à la 5ème génération comme par magie ? Bien sûr que non…
D’autant plus s’il se transmet sur un mode autosomique dominant…
Il continuera de se transmettre jusqu’à votre chiot… - Le taux de consanguinité 5G permettait à l’éleveur de démontrer son niveau de sélection appliqué sur les lignées de la portée.
Par exemple, s’il avait fait de la consanguinité sur tels ou tels ancêtres, ou sur telle ou telle lignée sensée rapporter telles et telles qualités et/ou caractère, le taux de consanguinité 5 générations reflétait cette sélection mais n’a absolument aucun sens d’un point de vue étimologique.
On ne prend pas une petite partie de la consanguinité pour faire plus vendeur sur les annonces de saillies…
L’ AVK

Y a t-il un plan B au taux de consanguinité 5G ? Oui : l’AVK
Toujours dans mes articles précédents, après avoir démontré qu’il ne fallait plus communiquer sur des taux de consanguinité calculés sur des pedigrees si peu profonds, j’avais mis en avant un taux qui se révélait plus adapté dès lors où l’on voulait démontrer le degré de perte génétique pour une portée à venir : l’AVK.
Sur les 62 chiens impliqués dans un pedigree de 5 générations, l’AVK permet de connaître la part que représentent les ancêtres uniques (n’apparaissant qu’une seule fois) par rapport aux ancêtres répétés (et non les ancêtres communs).
Rappel :
Un ancêtre est considéré comme commun dès lors où il apparaît côté père et côté mère sur le pedigree.
Un ancêtre répété peut n’apparaître que côté père ou que côté mère ou les deux.

Les 3 ancêtres répétés qui apparaissent dans ce pedigree 5 générations sont surlignés en couleurs.
Il y a donc 59 ancêtres uniques sur les 62 ancêtres que contient ce pedigree ; l’AVK est donc de 95.16% (59/62 x100).
Rien à voir avec un taux de consanguinité 5G qui aurait été ici de 0.39%@5G selon la méthode de calcul stricte, 0.49%@5G selon la méthode de calcul détendue.
L’ancêtre commun de ce pédigree 5G étant la femelle Toetie Tizra Bastaja.
– Un AVK égale à 100% signifie que chaque ancêtre composant le pedigree 5 générations n’apparaît qu’une seule fois.
– Un AVK inférieur à 100% est toujours une indication qu’un ou plusieurs ancêtres apparaissent plusieurs fois dans le pedigree et que par conséquent, une perte génétique plus ou moins importante se produit.
– 70% est un seuil jugé comme étant une limite basse en dessous de laquelle il n’est pas recommandé de descendre. 70% correspond à 43 chiens uniques sur les 62 chiens composant un pedigree 5G.
– L’ AVK n’est pas corrélé au taux de consanguinité. Il ne s’agit pas du nombre d’ancêtres communs mais du nombre d’ancêtres répétés. Cependant, un bon AVK a plus de chance d’entraîner un bon résultat de consanguinité alors qu’un mauvais AVK est souvent lié à un piètre résultat de consanguinité.
Malheureusement, vous ne verrez jamais l’AVK préconisé par la SCC sur son site. Vous pensez bien… Cela va à l’encontre du dogme de la SCC, basé sur la sélection des meilleurs pour l’amélioration des races…
Le taux de consanguinité toutes générations

Avec le temps, l’idée de donner plus d’importance au taux de consanguinité toutes générations a fait son petit chemin. Certains ont investit dans un logiciel leur permettant de les calculer facilement. Et aujourd’hui, je suis toujours content de voir que cette donnée, hier complètement occultée, réapparaît aujourd’hui dans les annonces de saillie. C’est une très bonne chose.
Malheureusement, l’avancée des connaissances n’est pas figée dans le temps et ça va des fois plus vite qu’on ne le pense… La possibilité dorénavant de génotyper un chien par un prélèvement salivaire pour analyse de son ADN est facile et accessible.
Plus de 400 chiens-loups de Saarloos avaient été génotypés sur MyDogDNA. On pouvait notamment y trouver le taux de diversité génétique pour chaque chien. C’était une nouvelle valeur, très intéressante mais malheureusement sans équivalence accessible aux communs des mortels en termes de valeur de consanguinité. Pendant des années, nous avons eu des valeurs de diversité génétique qui pouvaient bien sûr être comparées entre elles mais sans équivalence possible avec les différents taux de consanguinité connus. Nous avons donc appris, grâce à MyDogDNA que la diversité génétique du chien-loup de Saarloos varie de 17.7% à 48.9%. Pour autant, à quelle valeur de consanguinité correspondent ces chiffres ? Aucune idée…
Les taux de consanguinité toutes générations calculés sur la base des pedigrees nous donnaient des valeurs très élevées. De l’ordre de 54% en moyenne. C’était juste énorme et rendait la question de la baisse de consanguinité chez le Saarloos encore plus critique.
Puis MyDogDNA a rencontré de grosses difficultés (et ce n’est toujours pas revenu à la normal au moment où j’écris ces lignes) alors certains, dont moi-même, sommes partis chez Embark. Le génotypage d’Embark permet de connaitre les taux de consanguinité génétique des individus. Et là, stupeur… Les valeurs de consanguinité génétiques diffèrent grandement des valeurs de consanguinité pedigree, mais pas dans le bon sens !
En effet, d’une manière générale, les taux issus de l’ADN sont très souvent au-dessus des taux issus des pedigrees.

Ces chiffres sont extraits d’une autre étude démontrant la différence entre les valeurs de consanguinité génétique (SNP) et les valeurs de consanguinité pedigree (Ped-full) pour plusieurs races. Remarquez la cohérence des valeurs de consanguinité génétique (SNP) de ce tableau avec celles fournies par l’étude présentée dans cet article.
Pour le chien-loup de Saarloos, c’est le contraire ! Les taux de consanguinité génétique du Saarloos trouvés chez Embark sont inférieurs aux taux de consanguinité pedigree… Mais pas pour tout le monde… Seuls les Saarloos issus de la population fermée de la NVSWH voient leur taux de consanguinité pedigree confirmés par leurs taux de consanguinité génétiques…

Quelle surprise ! Puisque les logiciels de calcul de consanguinité se basent sur les pedigrees, cela implique que ces derniers ne sont pas fiables à 100%. On le pensait, on le murmurait, on en discutait mais là, la preuve en ait bien apporté. Par curiosité, je me suis amusé à créer une database alternative dans laquelle j’ai changé le statut de quelques ancêtres grandement ostracisés et très largement utilisés dans les pedigrees. Voici le résultat du taux de consanguinité basé sur les nouveaux pedigrees obtenus.


Lorsque j’ai écris l’article La notion de race pure dans l’élevage canin (publié entre temps dans la revue du club de race Hollandais AVLS), il n’y avait qu’une cinquantaine de Saarloos génotypés chez Embark et dont j’avais connaissance des résultats de consanguinité. Aujourd’hui, j’en ai une centaine et les chiffres sont bien confirmés et correspondent en tout point à ceux obtenus par les scientifiques de cette étude.
Donc, lorsque j’entends certains clâmer que les taux Embark ne peuvent pas être considérés comme des taux de consanguinité génétique, que seuls ceux issus d’un prélèvement sanguin et analysés par des scientifiques et non par une société commerciale doivent être pris en compte… La présente étude scientifique discrédite totalement ce genre d’argument qui n’est basé sur aucune autre étude prétendant le contraire… De plus, concernant la supériorité des prélèvements sanguins sur les prélèvements salivaires : un ADN est un ADN… Qu’il provienne de la salive, du sang ou même d’un tissus, il s’agit du même ADN…
Le sang peut être utile dans certaines circonstances où moins de cellules épithéliales sont transportées. Cependant, le sang n’est pas un support de test plus précis que la salive. Il est tout simplement plus concentré. Les résultats ADN basés sur le prélèvement salivaire est précis à 99.9%. De nos jours, les gens cherchent le 100% de réussite, dans tous les domaines. Désolé, mais ce monde idéal n’existe pas… L’erreur est toujours possible… même sur l’analyse d’une prise de sang…
Il va donc falloir arrêter de communiquer des taux estimés de consanguinité toutes générations calculés depuis les pedigrees qui sont faux et pas qu’un peu : d’une vingtaine de points minimum quand ce n’est pas 30 points dans certains cas !
Ce qu’il faut retenir :
A quoi sert d’avoir pris conscience de l’importance des taux de consanguinité toutes générations pour le chien-loup de Saarloos si c’est pour continuer à communiquer des valeurs que l’on sait aujourd’hui fausses, notamment sur les annonces de saillies ?
Chez le Saarloos, au regard de son niveau de consanguinité très élevé, qui le rend aussi apparenté qu’un frère et une soeur, il ne devrait y avoir aucune annonce de saillie sans communiquer sur le taux estimé de la portée à venir. Non pas pour faire une course à celui qui produira la portée la moins consanguine, non, mais pour montrer, que le taux de consanguinité estimé de la portée sera inférieur à celui des parents. Cela me parait être une bonne ligne de conduite à tenir dans un premier temps.
Réflexion générale

Comment les populations d’animaux sauvages parviennent-elles à rester en bonne santé depuis des milliers de générations, et sans tests de santé qui plus est !?
Parce qu’elles ne perdent pas de gènes importants pour leur santé. Les animaux se déplacent occasionnellement d’un troupeau à l’autre, ce qui permet de restaurer les gènes perdus d’une population restée trop longtemps isolée des autres.
Dans les populations d’animaux sauvages, comment les différentes races arrivent-elles à préserver un type cohérent sans faire appel à la consanguinité ? Après tout, chez les félins, les lions ont bien le type d’un lion… Une panthère noire est en tout point similaire à une autre panthère noire… Bref, nous arrivons très facilement à reconnaître les différents traits des animaux sauvages pour immédiatement les assimiler à une race.
Alors qu’est-ce qui fait que la diversité génétique marche bien avec tous les animaux sauvages mais pas avec nos chiens ? Pourquoi les éleveurs d’autres races domestiques le comprennent mais pas le monde de la cynophilie ?
Les chiens de race que nous aimons, meurent. Les généticiens peuvent vous dire pourquoi, et en fait, même les éleveurs canins d’il y a 100 ans auraient pu vous dire pourquoi cela se produit : la consanguinité affecte la santé. Elle augmente le nombre de troubles génétiques (plus de 800 sont actuellement listés pour rappel !). Plus les taux de consanguinité sont élevés et plus leurs effets sont négatifs. Ce ne ne sont pas des histoires ! C’est une notion de génétique fondamentale. La consanguinité augmente l’expression des troubles génétiques et a un effet négatif sur la santé. Si quelqu’un tente de vous convaincre du contraire, vous devez changer vos fréquentations !
Alors certes, la consanguinité est nécessaire pour fixer le type, le caractère et améliorer la consistance chez les animaux domestiques. C’est d’ailleurs ainsi que les races domestiques ont été créées. Cependant, ces bénéfices peuvent tout aussi bien être appréciés à des niveaux de consanguinité inférieurs à 10% !
Parmi les races de chiens reconnues, le type a été fixé il y a bien longtemps et d’ailleurs clairement décrit dans le standard de race. Qu’y a t-il de plus à fixer comme traits qui justifie un tel niveau de consanguinité ? L’amélioration des races ? Moi je dirai plutôt le saccage des races avec leurs lots d’hypertypes et de problèmes de santé !
Des décennies de consanguinité dans une quête du chien de plus en plus “parfait” ont entrainé la perte des gènes essentiels à la vie. Aussi “parfaits” et “beaux” que puissent être les chiens à l’extérieur, à l’intérieur ils sont cassés…
Et que faisons-nous à ce sujet ? Nous semblons faire beaucoup ; il existe des études de recherche, des tests ADN, des séminaires sur la santé, des groupes de discussions Facebook spécifiques à des troubles de santé etc.
Mais nos chiens meurent de consanguinité… Aucune des choses que nous faisons ne guérira les effets de la consanguinité. Les scientifiques ne peuvent pas guérir la consanguinité. Seuls les éleveurs ont les clefs pour le faire.
Lorsque je lis sur les réseaux sociaux des posts qui tentent d’expliquer pourquoi un, voir deux ou trois chiots n’ont pas survécu à la mise bas. Que les raisons vont dans tous les sens (environnement, alimentation, stress de la mère etc) voir même certains qui vont jusqu’à faire des autopsies pour tenter de comprendre pourquoi… Mais dites-vous bien qu’avec un taux de plus de 30%, la consanguinité devrait être au rang numéro 1 des raisons plausibles de la mortalité néonatale !
Conclusion

Un grand pas vient d’être fait par la science concernant les niveaux réels de consanguinité des chiens de race et notamment pour notre race de cœur : le chien-loup de Saarloos.
Les résultats sont sans appel : la majorité des races de chiens affichent des niveaux élevés de consanguinité bien au-dessus de ce qui serait considéré comme sûr pour les humains ou pour les populations d’animaux sauvages. Ils sont bien au-delà de ce qui est toléré par la plupart des éleveurs d’autres races d’animaux domestiques, qui travaillent dur pour maintenir la consanguinité en dessous de 10 % et qui sont préoccupés par chaque point de consanguinité supplémentaire au-dessus de 5 % puisqu’ils savent que la consanguinité affecte la qualité de leurs animaux, et donc leurs profits…
Malheureusement, les messages délivrés par les instances cynophiles ne vont toujours pas dans le bon sens…

Quel sont les messages délivrés par la SCC à de jeunes éleveurs venant passer l’ACACED dans leurs locaux ?
– « Pour fixer telle couleur, vous pouvez accoupler deux demi-frères et demi-sœurs ; 12.5%, ça va comme niveau de consanguinité, ça peut se rattraper facilement ».
– « Les chiens de races pures n’ont pas plus de maladies que les chiens de races mixtes ».
– « Vous devez marier les meilleurs entre eux ».
– « Vous ne devez avoir qu’un seul objectif : l’amélioration de votre race (comprenez sur le plan du phénotype).
– « Un éleveur connaît ses lignées sur le plan génétique ».
Ces phrases, je les ai entendu moi-même lorsque j’ai également passé mon ACACED… Et là, je peux vous assurer que vous vous sentez tout petit tellement ces paroles sont bues par les participants qui n’ont pour la plupart quasiment aucune connaissance de base en génétique…
Et je ne parle pas des photos diffusées dans la salle montrant des bergers allemands dont le bassin touche quasiment le sol (“non non, ils ne sont pas assis mais bien debout, mais grâce à cette physionomie, ils ont une poussée extraordinaire !…), des races brachycephales où le museau a quasiment disparu… Pourtant je croyais qu’il fallait lutter contre les hypertypes ? Ah oui… en fait tout est question d’où on place le curseur… A partir de quand on estime que la limite a été franchie… Ah oui, c’est vrai : c’est une question de spécialistes…
Un autre florilège de tout ce qui est asséné par la SCC se trouve dans un de leurs articles intitulé “Génétique : des idées reçues qui ont la vie dure“. Lisez-le, ça vaut le détour. C’est marrant, j’ai eu l’impression de lire l’exacte anti-thèse de mon article “Les idées reçues dans l’élevage du chien de race“… Eh oui, effectivement… Les idées reçues sur la génétique ont la vie dure à la SCC…
Pour la suite de la conclusion, je vais reprendre à mon compte quelques phrases écrites par la généticienne Carole Beuchat, que j’affectionne particulièrement pour ses positions et tous les supports d’éducation qu’elle a mis en place concernant la génétique du chien. Les propos ci-dessous, vous pourrez les retrouver sur le Blog de Carole Beuchat comme beaucoup d’autres repris dans cet article dont l’origine est rappelé dans la section “Sources” à la fin de cet article.
« Les différentes communications des instances cynophiles continuent d’être axées sur des points qui sont capitaux pour les éleveurs mais qui laissent dubitatifs la plupart des gens.
Un bel exemple ici, avec la dernière communication de la FCI :
La plupart des adoptants se fichent de savoir si son chien est enregistré. Ils ne se soucient pas de la quantité de travail et des dépenses consacrées à l’élevage. La plupart ne se soucient même pas de savoir si c’est “de race pure” et ce que veut dire « entièrement testés » ??? – testés pourquoi ?
La plupart des gens veulent juste un chien à aimer. Ils ne veulent pas d’un chien qui leur coûtera une fortune en frais de vétérinaire.
La FCI, les instances cynophiles et la plupart des éleveurs, passent à côté de la principale raison pour laquelle les chiens de race pure ont mauvaise presse et ont une si mauvaise perception d’une grande partie du public : la consanguinité.
Pour le profane, c’est de l’inceste. En fait, cela devrait également l’être pour les éleveurs de chiens de race… N’importe qui sait que l’inceste est mauvais, qu’il produit des problèmes génétiques et que les chiens de race pure sont consanguins et ils n’ont pas tort.
Le public n’est pas contre les chiens de race pure. Ils ne sont pas contre les éleveurs de chiens de race pure. Ils sont contre l’élevage d’inceste parce qu’il produit des animaux en mauvaise santé.
De nos jours, les prises de position tenues en public, sur les réseaux sociaux, tantôt par des éleveurs ou des clubs de race et d’autres instances cynophiles sur tout ce qui justifie la continuité de l’utilisation de la consanguinité pour des raisons « d’amélioration des races » ne passent plus. Au contraire, cela renforce l’opinion du public selon laquelle les éleveurs de chiens de race pure sont condescendants et ne s’intéressent qu’à l’apparence, aux rubans et aux coupes d’expositions.
Le public non averti est horrifié d’apprendre que la plupart des chiens élevés aujourd’hui sont aussi étroitement liés que des frères et sœurs à part entière.
Les affirmations fréquemment entendues selon lesquelles les chiens de race pure “sont tout aussi sains” que les chiens de race mixte ne sont basées sur aucune donnée fiable et vérifiée. Les éleveurs ne changeront pas la perception du public selon laquelle les chiens de race pure sont consanguins et malsains tout en niant qu’il y a un problème et en refusant de le résoudre.
Les éleveurs ne peuvent résoudre TOUS les problèmes de santé si le pool génétique n’a pas la variabilité nécessaire pour produire un chien en bonne santé. Malheureusement, tous les chiens sont si étroitement liés génétiquement qu’ils représentent l’équivalent de plusieurs générations consécutives de croisements apparentés à des frères / soeurs.
Il n’est pas possible de produire des chiens en bonne santé tout en s’engageant dans une consanguinité sans restriction. Cela n’est pas possible.
Le public n’a pas besoin d’être « éduqué » sur ce que vous faites ; les gens n’ont pas besoin de relations publiques qui valorisent l’enregistrement à un livre des origines et applaudissent ces éleveurs qui travaillent dur. Les gens ne s’en soucient vraiment pas. Ils veulent des chiens en bonne santé. C’est tout. Si les éleveurs de chiens de race pure ne les produisent pas, les gens iront ailleurs. »
Sources
Lien de l’étude : The effect of inbreeding, body size and morphology on health in dog breeds
Données : 1er ensemble de données / 2ème ensemble de données
Blog de Carole Beuchat : www.instituteofcaninebiology.org/blog