La consanguinité au travers des pédigrees

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Qui connaĂ®t l’origine du chien-loup de Saarloos ? J’ai envie de dire : tout le monde. Du moins, toutes les personnes plus ou moins impliquĂ©es dans la race et tous les passionnĂ©s. Tout le monde vous dira que GĂ©rard et Fleur, respectivement un berger Allemand et une louve sont Ă  l’origine de la race du chien-loup de Saarloos.
Qui connaĂ®t maintenant les premières gĂ©nĂ©rations du chien-loup de Saarloos ? Celles qui, entre autres, ont constituĂ© le pool gĂ©nĂ©tique de dĂ©part du chien-loup de Saarloos ? Pour parler plus simplement, qui connaĂ®t les fondateurs de la race ? Beaucoup moins de monde en fait… Pourquoi ? Parce qu’il faut remonter très loin dans les pĂ©digrees et que ces informations ne sont pas facilement disponibles au plus grand nombre. De plus, l’architecture d’un pĂ©digree rend la lisibilitĂ© des ancĂŞtres très compliquĂ©e Ă  de telles profondeurs de gĂ©nĂ©rations !
Si l’histoire des premières gĂ©nĂ©rations de la race est peu connue, comment avoir une idĂ©e de la sĂ©lection appliquĂ©e très tĂ´t dans la race ? Comment connaĂ®tre le degrĂ© de consanguinitĂ© de la race sans cet Ă©lĂ©ment ? La consanguinitĂ© ne se dilue pas avec le temps ; elle se cumule…
Pour connaĂ®tre la consanguinitĂ© au travers des pĂ©digrees, il ne faut pas utiliser les documents de 5 gĂ©nĂ©rations dĂ©livrĂ©s par les instances cynophiles mais l’intĂ©gralitĂ© du pĂ©digree de votre chien jusqu’Ă  ses origines si possible. Ainsi vous aurez une idĂ©e de l’homozygotie de votre chien.
L’histoire de la race du chien-loup de Saarloos se distingue par un pĂ©digree peu diversifiĂ© dĂ» Ă  une sĂ©lection Ă©troite appliquĂ©e très tĂ´t dans l’histoire de la race et qui n’a cessĂ© d’ĂŞtre appliquĂ©e jusqu’Ă  nos jours.

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Le pédigree

Pédigree 5 générations

Le mot “pĂ©digree” est apparu dans la langue anglaise sous la forme “pee de Grewe” qui vient du Français “pied de grue”. Cet emprunt vient de l’analogie visuelle entre la trace du pied de cet oiseau et les trois traits utilisĂ©s dans les registres officiels anglais pour indiquer les ramifications d’un arbre gĂ©nĂ©alogique. Le pĂ©digree est le document incontournable pour toutes les races de chiens. Il est censĂ© attester l’origine des ancĂŞtres d’un chien “pure race”. Je dit “censĂ© attester” car malheureusement trop peu de pĂ©digrees incluent la filiation. La filiation Ă©tant le seul moyen fiable de garantir la vĂ©racitĂ© des ancĂŞtres dĂ©clarĂ©s…

Le pédigree 5G

Pédigree 5G
Taux de consanguinité 0%@5G

Le pĂ©digree de 5 gĂ©nĂ©rations est le pĂ©digree le plus courant et le plus utilisĂ© aujourd’hui. Il est dĂ©livrĂ© par les instances cynophiles (en France, la SCC – SociĂ©tĂ© Centrale Canine) et accompagne toute vente de chiots LOF. Il implique 62 chiens rĂ©partis sur 5 gĂ©nĂ©rations.

Le pĂ©digree 5G est utilisĂ© par la majoritĂ© des Ă©leveurs pour analyser les ancĂŞtres d’un Ă©talon lors de la prĂ©paration d’une future combinaison. Mais pourquoi 5 gĂ©nĂ©rations et pas plus ?

Parce qu’au delĂ  de 5 gĂ©nĂ©rations, il est considĂ©rĂ© par les instances cynophiles que l’influence d’un ancĂŞtre situĂ© au-delĂ  de 5 gĂ©nĂ©rations est nĂ©gligeable pour pouvoir influer sur le phĂ©notype et le caractère. C’est-Ă -dire que la probabilitĂ© qu’un allèle se soit transmis depuis l’ancĂŞtre commun se situant au-delĂ  de 5 gĂ©nĂ©rations jusqu’au sujet considĂ©rĂ©, par son cĂ´tĂ© paternel et maternel, est proche de zĂ©ro.
Cette profondeur de générations a également été choisie afin de pouvoir comparer les valeurs de consanguinité entre les sujets. En effet, la comparaison n’a de sens que si le calcul de consanguinité est effectué sur le même nombre de générations.

Cependant, le pĂ©digree 5G ne reflète en aucun cas le statut homozygote de votre chien ! Les instances cynophiles sont presques exclusivement concentrĂ©es autour des questions du phĂ©notype (les traits observables) et du cararactère (normal, puisque c’est ce qui dĂ©finit la race d’un chien), mais sur un plan gĂ©nĂ©tique, un pĂ©digree si peu profond n’apporte que des informations erronĂ©es sur l’Ă©tat homozygote des gènes de votre chien et donc sur l’Ă©tat de sa santĂ©…

Iceberg

Le pĂ©digree 5G serait comme le sommet Ă©mergĂ© d’un iceberg… Il ne reprĂ©sente que la partie visible. Sa plus grande partie est immergĂ©e et non visible. Pourtant, elle constitue la plus grande partie de la masse de l’iceberg ! Pensez Ă  cet exemple dès lors ou quelqu’un essaye de vous expliquer la consanguinitĂ© d’un chien au travers d’un pĂ©digree 5G ! Si vous ne remontez pas le plus loin possible dans les pĂ©digrees, jusqu’aux fondateurs, la valeur de consanguinitĂ© calculĂ©e sera très largement sous-estimĂ©e.

La consanguinité ne se dilue pas avec le temps : elle se cumule !

Le pédigree 7G

Pedigree 7G
Taux de consanguinité 0%@7G

Augmentons donc la profondeur de gĂ©nĂ©rations au travers de ce pĂ©digree de 7 gĂ©nĂ©rations. Ca commence Ă  devenir compliquĂ© n’est-ce pas ? Un pĂ©digree de 7 gĂ©nĂ©rations implique 254 chiens… Nous avons les mĂŞmes informations que sur un pĂ©digree 5G mais avec 192 chiens et deux gĂ©nĂ©rations en plus… Pour ceux qui savent calculer un taux de consanguinitĂ© au travers de la mĂ©thode des chemins, l’exercice commence sĂ©rieusement Ă  se compliquer ici… Cependant, le rĂ©sultat de consanguinitĂ© sera toujours aussi sous-estimĂ© qu’avec un pĂ©digree 5G. Mais surtout, le pĂ©digree 7G ne donne toujours pas d’information sur l’histoire de ces lignĂ©es, sur la force de sĂ©lection appliquĂ©e au fil des gĂ©nĂ©rations depuis la crĂ©ation de la race…

Le pédigree 8G

Pedigree 8G
Taux de consanguinité 0%@8G

Alors passons Ă  un pĂ©digree de 8 gĂ©nĂ©rations impliquant 510 chiens… Nul besoin d’expliquer davantage : la difficultĂ© d’analyse d’un tel pĂ©digree relève du challenge et de beaucoup de patience… Et bien sĂ»r, toujours pas d’information sur l’histoire des lignĂ©es et de la force de sĂ©lection appliquĂ©e depuis le dĂ©but de la race…

Comment faire pour aller plus loin et surtout avoir une vue globale plus représentative de la consanguinité des lignées impliquées dans un pédigree ?

Le PedChart

Qu'est-ce qu'un PedChart ?
Taux de consanguinité 0%@8G

Le PedChart est Ă©galement un pĂ©digree mais sous une forme graphique diffĂ©rente. Ci-dessus, le PedChart du prĂ©cĂ©dent pĂ©digree 8G. Nous y trouvons les mĂŞmes informations que dans le pĂ©digree version classique mais avec une reprĂ©sentation graphique aisĂ©ment interprĂ©table qui nous sera très utile dès lors oĂą l’on voudra aller encore plus loin dans les gĂ©nĂ©rations antĂ©rieures.

Le principe du PedChart

Un PedChart se lit comme un pĂ©digree classique ; de la gauche vers la droite. En bleu, les mâles, en rose, les femelles. Les liens de parentĂ©s sont Ă©galement de couleur bleu ou rose selon si le lien est paternel ou maternel. On peut trouver Ă©galement pour chaque chien composant un PedChart, son taux de consanguinitĂ© ainsi que son Coefficient de ParentĂ© (COR – de l’Anglais : Coefficient of Relationship). Le logiciel gĂ©nĂ©rant ce type de graphique permet Ă©galement d’y ajouter des informations supplĂ©mentaires tels que numĂ©ro d’enregistrement, Ă©leveur, propriĂ©taire, pays d’origine etc. Donc finalement, bien plus renseignĂ© qu’avec un pĂ©digree classique.

Mais la principale diffĂ©rence avec un pĂ©digree classique est que chaque ancĂŞtre n’y est reprĂ©sentĂ© qu’une seule fois. Et ce, mĂŞme s’il s’agit d’ancĂŞtres communs apparaissant plusieurs fois dans le pĂ©digree. Seuls les liens de parentĂ©s entre ces ancĂŞtres communs et leurs descendants sont toujours clairement visibles. Grâce Ă  cette astuce, le nombre de chiens apparaissant sur un pĂ©digree baisse drastiquement. Ainsi, de 510 chiens pour le pĂ©digree 8G nous passons Ă  187 chiens pour son Ă©quivalent en PedChart.

Enfin, et surtout, la forme gĂ©nĂ©rale du PedChart va nous permettre de voir au premier coup d’oeil si nous avons affaire Ă  un pĂ©digree Ă©troit et consanguin !

Analyse des PedCharts pour les autres races

Avant d’Ă©tudier diffĂ©rents PedCharts pour le chien-loup de Saarloos, intĂ©ressons-nous au prĂ©alable Ă  des PedCharts issus d’autres races de chiens afin de comprendre Ă  quel point la sĂ©lection appliquĂ©e Ă  une race pourtant aussi jeune que celle du Saarloos est Ă©troite…

Le Caniche

Voici un PedChart remontant jusqu’aux origines pour un Caniche.
Malheureusement, il s’agit ici d’une copie Ă©cran. Par consĂ©quent la faible dĂ©finition ne permet pas de zoomer dans l’image pour obtenir de plus amples dĂ©tails. Mais ce n’est pas grave. L’important est dans la forme du PedChart… Je vais y revenir plus loin.

A gauche du PedChart, le chien concernĂ©, Ă  droite, le couple fondateur. Tous les petits carrĂ©s n’ayant pas de lien de parentĂ© au tout dĂ©but du pĂ©digree sont des chiens d’autres races, en principe non apparentĂ©s, venant crĂ©er et modeler la race avant qu’elle ne soit fixĂ©e et reconnue par un standard.

Le nombre de gĂ©nĂ©rations inclues dans ce PedChart est Ă©norme ! Il aurait Ă©tĂ© impossible d’obtenir la mĂŞme chose au travers d’un pĂ©digree classique sous une forme aussi compacte et synthĂ©tique.

On peut noter sur la droite du PedChart et quelques gĂ©nĂ©rations plus tard, un nombre importants d’ancĂŞtres thĂ©oriquement non apparentĂ©s venus très tĂ´t dans le pĂ©digree, apportant ainsi de la diversitĂ© au pool gĂ©nĂ©tique d’origine de la race. On peut Ă©galement observer que la largeur du PedChart s’Ă©largit de plus en plus au fil des gĂ©nĂ©rations, entretenant ainsi une certaine variabilitĂ© gĂ©nĂ©tique de part le nombre d’ancĂŞtres uniques prĂ©sents dans cet arbre gĂ©nĂ©alogique.

Nous avons donc affaire ici Ă  un pĂ©digree certes consanguin (comme toutes les races de chiens puisque les lignĂ©es sont apparentĂ©es) mais avec un nombre d’ancĂŞtres uniques important afin de prĂ©server une diversitĂ© gĂ©nĂ©tique qui n’entraĂ®nera pas de dĂ©pression de consanguinitĂ© excessive. Pour rappel, la moyenne de consanguinitĂ© gĂ©nĂ©tique du caniche est de 14.9%.

Ce PedChart donnĂ© en exemple pour le Caniche a un autre avantage ici ; celui de mettre en Ă©vidence le flĂ©au des mâles populaires… En effet, vous trouverez sur le graphique, un ancĂŞtre dĂ©signĂ© par une flèche noire. Cet ancĂŞtre est tristement cĂ©lèbre dans les lignĂ©es de ce caniche pour avoir Ă©tĂ© sur-exploitĂ© pour la reproduction parce qu’il s’agissait notamment du multi champion de concours de beautĂ© canins de l’Ă©poque… Les descendants de ce mâle populaire ont Ă©tĂ© colorĂ©s en rouge… Vous voyez le problème ? La très grande majoritĂ© des descendants de ce mâle populaire se retrouve dans toutes les dernières gĂ©nĂ©rations du caniche de ce PedChart… Ruinant ainsi gravement, la diversitĂ© gĂ©nĂ©tique prĂ©cieusement acquise jusque-lĂ  par une sĂ©lection qui Ă©tait jusqu’alors relativement diversifiĂ©e….

Le Golden Retriever

PedChart Golden Retriever
Source : The Institute of Canine Biology

Que pouvons-nous dire sur le PedChart de ce Golden Retriever en comparaison de celui du Caniche vu plus haut ?
Tout d’abord, que la largeur du PedChart est moindre, traduisant ainsi une sĂ©lection plus Ă©troite que celle qui avait Ă©tĂ© appliquĂ©e pour le Caniche.
La population fondatrice est relativement diversifiĂ©e mais un goulot d’Ă©tranglement est survenu très tĂ´t dans les lignĂ©es pour s’Ă©largir par la suite.
En rĂ©sumĂ©, il s’agit ici de lignĂ©es consanguines mais avec une certaine diversitĂ© d’ancĂŞtres utilisĂ©s sur la majeure partie du pĂ©digree mais dont la quasi-totalitĂ© dĂ©pendent d’une sĂ©lection très Ă©troite sur la population fondatrice de la race… La consanguinitĂ© de ce Golden Retriever a donc de grande chance d’ĂŞtre supĂ©rieure Ă  celle de notre Caniche… Pour rappel, la moyenne de consanguinitĂ© gĂ©nĂ©tique du Golden Retriever est de 27.3%.

Analyse des PedCharts pour le chien-loup de Saarloos

Revenons au chien-loup de Saarloos. Maintenant que nous avons compris qu’il y a une relation directe entre la largeur d’un PedChart et la consanguinitĂ© qui en rĂ©sulte, qu’en est-il pour notre race de coeur ?

Lignées NVSWH

PedChart chien-loup de Saarloos
Moutain Dew Philip – 2020

Voici le PedChart d’un mâle de la NVSWH (population Hollandaise fermĂ©e depuis les annĂ©es 80). A gauche, le mâle Ă©tudiĂ©, Ă  droite le couple fondateur GĂ©rard et Fleur. L’Ă©quivalent de moins d’une vingtaine de gĂ©nĂ©rations. Cette vue globale jusqu’aux fondateurs aurait Ă©tĂ© impossible Ă  obtenir au travers de pĂ©digrees classiques.

Que nous dit la forme très Ă©troite de ce PedChart ? Une petite population fondatrice suivi d’une sĂ©lection Ă©troite avec un goulot d’Ă©tranglement au deux tiers du PedChart. La dernière partie du PedChart est toujours aussi Ă©troite. Il s’agit clairement de lignĂ©es hautement consanguines (PedCOI=62%).

Je pourrai vous publier des PedCharts d’autres sujets de la population NVSWH mais les rĂ©sultats seraient très similaires.

Lignées Françaises

Vous pensez que les lignées Françaises font mieux ? Voici les PedCharts des mâles populaires les plus utilisés dans nos lignées Françaises.

PedChart
Iolowska Wolf du Pacha Moor – 1993
PedChart
Romeo Iskander de Louba Tar – 1993
PedChart
Zazi Zen Daouina Sidhe – 1999
PedChart
Skog av Seppalaska – 2002
PedChart
Talik – 2002
PedChart
Velsatis – 2004
PedChart
Anton Armor d’Emozioni Breizh – 2005
PedChart
Antibes Azur de Louba Tar – 2005
PedChart
Glaz Go Gandalf de Louba Tar – 2006
PedChart
Cote d’Or de Daim PrĂ© – 2007
PedChart
Wolfknight’s Dark Wolfsirius – 2007
PedChart
Gdansk de Louba Tar – 2007
PedChart
Canens Africae Eamonn – 2009
PedChart
Fender de Daim PrĂ© – 2010

Je pourrais encore rajouter pleins d’autres Pedcharts, y compris de portĂ©es de ces dernières annĂ©es mais le rĂ©sultat serait pratiquement le mĂŞme… Il s’agit d’un problème gĂ©nĂ©ral, que ce soit d’hier ou d’aujourd’hui et quel que soit l’Ă©levage…
Est-il possible malgrĂ© tout de faire mieux ? Oui, il est possible de faire mieux en terme de diversitĂ© que tout ce que vous venez de voir. Quelques Ă©leveurs ont ces derniers temps fait beaucoup d’efforts sur ce point. Voici quelques PedCharts des dernières portĂ©es tous pays confondus.

PedChart
2019
PedChart
2021
PedChart
2021
PedChart
2021
PedChart
2022

Bien sĂ»r, l’analyse des Pedcharts n’est pas le seul Ă©lĂ©ment Ă  prendre en compte pour Ă©valuer une combinaison. Les rĂ©sultats des tests de santĂ© est primordial ainsi que d’autres critères qui ne sont pas abordĂ©s dans cet article. Il ne faut pas se cantonner exclusivement Ă  la forme du PedChart pour toute prise de dĂ©cision, c’est l’Ă©vidence mĂŞme. Ceci dit, c’est un outil formidable qui facilite grandement l’Ă©tude des pĂ©digrees et très peu utilisĂ© jusqu’ici car il est peu connu. Il permet surtout d’avoir une vue globale de la force de sĂ©lection appliquĂ©e sur toutes les gĂ©nĂ©rations d’un pĂ©digree complet, jusqu’aux origines.

Cependant, malgrĂ© une augmentation claire de la diversitĂ© des ancĂŞtres sur le dernier tiers de ces derniers PedCharts, les taux de consanguinitĂ© de ces portĂ©es ont certes baissĂ© mais n’ont pas non plus diminuĂ©s drastiquement… Ils ont tous en commun l’extrĂŞme Ă©troitesse de leur première moitiĂ© de PedChart… Ces gĂ©nĂ©rations qui n’apparaissent pas sur des pĂ©digrees peu profonds.

Les derniers exemples de Pedcharts nous montrent qu’il est possible d’amĂ©liorer les choses. Cependant, mĂŞme avec la plus grande motivation et volontĂ© possible, les Ă©leveurs motivĂ©s vont très vite arriver dans un cul de sac, et ce, pour plusieurs raisons.

La taille de la population effective est trop petite. Arriver Ă  faire baisser la consanguinitĂ© c’est trouver des lignĂ©es dont les ancĂŞtres puissent ĂŞtre le moins communs possibles entre elles. Sans oubier que le choix se rĂ©duit encore d’autant plus avec la compatibilitĂ© porteurs/sains et les rĂ©sultats APR, Dysplasie, Ă©pilepsie etc… Comme il n’y a pas assez de reproducteurs, les Ă©leveurs tournent en rond sur les mĂŞmes lignĂ©es…

La sĂ©lection très Ă©troite appliquĂ©e dès le dĂ©but de l’histoire du Saarloos a gĂ©nĂ©rĂ© mĂ©caniquement un niveau de consanguinitĂ© Ă©levĂ© dès les premières gĂ©nĂ©rations après crĂ©ation de la race. Tous les PedCharts de Saarloos quelles que soient leurs lignĂ©es ont en commun une première moitiĂ© de PedCharts similaires et Ă©troits au lieu de s’Ă©largir rapidement pour offrir un pool gĂ©nĂ©tique large et diversifiĂ©. N’oubliez pas : la consanguinitĂ© ne se dilue pas avec le temps, elle se cumule… C’est un hĂ©ritage gĂ©nĂ©tique que tous nos Saarloos ont en eux.

Conclusion

Tout ceci n’est pas très optimiste, me diriez-vous… En effet, ça ne l’est pas…
Je tiens ici Ă  rappeler encore et encore, une chose primordiale : je ne suis pas contre la consanguinitĂ© ! Je tiens Ă  le prĂ©ciser pour Ă©viter tout type de raccourci bateau du genre “Sans la consanguinitĂ©, il n’y aurait pas de chiens de races”… La consanguinitĂ© ne me pose pas de problème dans l’Ă©levage de chiens de races ! Si tel Ă©tait le cas, j’Ă©lèverai plutĂ´t des bâtards… Mon combat n’est pas la consanguinitĂ© mais le niveau de consanguinitĂ© ahurissant et parfaitement irresponsable auquel nous sommes arrivĂ©s aujourd’hui !
Il existe des races de chiens tels que le Chien de ferme Dano-SuĂ©dois (Standard FCI n°356) , le Mudi (Standard FCI n°238), le Parson Russel Terrier (Standard FCI n°339), le Jack Russel Terrier (Standard FCI n°345), le Bichon Bolonais (Standard FCI n°196), le Barbet (Standard FCI n°105) et le Koolie (non reconnue FCI). Ces races de chiens sont parfaitement typĂ©s et au caractère attendu avec des niveaux de consanguinitĂ© infĂ©rieurs Ă  10%. Comme quoi, c’est possible !
Il est prouvé que des niveaux élevés de consanguinité entraînent des conséquences sur la santé, sur la taille des portées et la survie néonatale. Le chien-loup de Saarloos fait parti de ces races de chiens qui ont un taux de consanguinité très largement supérieur à 10%. Ces 10% sont la limite haute validée par tous les scientifiques et tous les généticiens qui ne devrait pas être dépassée sous peine de graves troubles héréditaires (plus de 800 troubles et maladies héréditaires sont à ce jour connus).

MalgrĂ© une histoire rĂ©cente en comparaison des autres races de chiens, le chien-loup de Saarloos prĂ©sente un taux moyen de consanguinitĂ© gĂ©nĂ©tique de 34% ! Les Saarloos sont donc plus apparentĂ©s que des frères et soeurs ! Au-delĂ  du cĂ´tĂ© incestueux que cela Ă©voquerait pour le public, un tel niveau de consanguinitĂ© entraĂ®ne fatalement un Ă©tat homozygote des gènes beaucoup plus important que ce que l’on pourrait trouver dans n’importe quelle autre race domestique ou d’animaux sauvages vivant sur cette planète !

La race est donc foutue ? En l’Ă©tat actuel des choses oui, si la majoritĂ© des Ă©leveurs continuent d’agir comme si de rien n’Ă©tait. S’ils continuent Ă  planifier des combinaisons hautement consanguines sans se prĂ©occuper du taux de consanguinitĂ© de leurs portĂ©es, sans essayer Ă  minima, que le taux de consanguinitĂ© des chiots produits soient au moins infĂ©rieur Ă  celui de leurs parents… S’ils continuent Ă  agraver les choses plutĂ´t qu’Ă  amorcer un tournant franc et massif.

Mais nous l’avons vu plus haut ; cela ne suffira pas… La petite population effective, le petit nombre de lignĂ©es disponibles, l’hĂ©ritage homozygote d’une grande partie des pĂ©digrees sont des raisons qui limiteront les champs d’actions et emmèneront les Ă©leveurs, y compris les plus motivĂ©s, vers un cul de sac…

Alors, il y a l’Ă©tape intermĂ©diaire : le sidecross. C’est Ă  dire, de combiner des sujets issus de deux populations qui se sont isolĂ©es l’une de l’autre depuis des gĂ©nĂ©rations. On reproduit ainsi une Ă©tape naturelle qui se produit depuis la nuit des temps chez les populations d’animaux sauvages. En effet, lorsque deux sous-populations (troupeaux, meutes etc.) se sont sĂ©parĂ©es gĂ©ographiquement l’une de l’autre depuis des gĂ©nĂ©rations et se retrouvent au grĂ© des dĂ©placements et des migrations, un phĂ©nomène d’hĂ©tĂ©rosis en rĂ©sulte. Chez le Saarloos, la population de la NVSWH s’est isolĂ©e depuis les annĂ©es 80. Pouvoir combiner un sujet issu de cette population avec un autre sujet issu de la population gĂ©nĂ©rale revient Ă  reproduire cet effet d’hĂ©tĂ©rosis appliquĂ© naturellement dans la nature. Cette Ă©tape, je viens de l’effectuer avec ma portĂ©e 2022 Mountain Dew Phillip x Khalibisnya Maginwulf Millesys. Sur un plan gĂ©nĂ©tique, les chiots issus de cette portĂ©e sont prĂ©cieux pour la race puisqu’ils possèdent un pool gĂ©nĂ©tique dotĂ© d’une nouvelle distribution d’allèles. IdĂ©alement, il faudrait pouvoir reproduire ces combinaisons avec d’autres sujets un peu partout en Europe et que les chiots issus de ces combinaisons rejoignent la population effective !

Malheureusement, cette Ă©tape intermĂ©diaire ne sera pas suffisante pour faire descendre la consanguinitĂ© du Saarloos en-dessous des 10%… En effet, les niveaux de consanguinitĂ© sont tels, qu’il faudra alors passer Ă  l’Ă©tape supĂ©rieure : l’outcross. Plus simplement, faire rentrer du sang neuf avec des chiens appartenant Ă  d’autres races. Quels sont les Ă©leveurs qui se porteront volontaires pour aider la race au travers de programmes outcross ? Combien y en auraient-ils prĂŞts Ă  mettre momentanĂ©ment de cĂ´tĂ© leur culte du type idĂ©al et Ă  produire des chiens ne pouvant ĂŞtre vendus comme des Saarloos pure race jusqu’Ă  ce que le type revienne après plusieurs backcross ?

Mais encore une fois, les choses ne sont pas aussi simples… En effet, les premières gĂ©nĂ©rations issues des programmes outcross aux Pays-Bas ont montrĂ© des taux de consanguinitĂ© gĂ©nĂ©tique bien plus Ă©levĂ©s que ceux que l’on aurait pu attendre de tels croisements. La moyenne des taux de consanguinitĂ© gĂ©nĂ©tique obtenu en F2 avec les combinaisons Berger Blanc Suisse x Saarloos, Chien d’Elan NorvĂ©gien x Saarloos et Husky x Saarloos est de 22%…
Eh oui… Les races de chiens sont bien plus apparentĂ©es qu’on ne le croit…

Les nouveaux outils aujourd’hui disponibles tels que la consanguinitĂ© gĂ©nĂ©tique par analyse SNPs et les coefficients de parentĂ© calculĂ©s d’après l’analyse ADN auraient pu très certainement changer la donne s’ils avaient Ă©tĂ© disponibles lorsque ces programmes outcross ont commencĂ©… Peut-ĂŞtre que les choses seront diffĂ©rentes pour les prochains programmes outcross (en espĂ©rant très fort pour l’avenir de la race, qu’il y en ait d’autres).


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