
Une étude menée par des généticiens et publiée fin 2021 a exploré les relations entre la consanguinité, la morphologie et la santé en utilisant des taux de consanguinité génétiques, des données de poids corporels et des données d’assurances pour la morbidité.
Les taux de consanguinité génétique de 227 races de chiens sont dorénavant dévoilés.
Alors verdict ? Quels sont les véritables niveaux de consanguinité des chiens de race ?
Les chercheurs ont-ils pu mettre en corrélation la consanguinité et la santé des chiens de race ?
Temps de lecture estimé : 28 minutes
Sommaire
Préambule de l’étude

Le taux de consanguinité peut être estimé à l’aide des pedigrees. Cependant, à moins que les calculs n’incluent l’arbre généalogique complet (jusqu’aux fondateurs de la race) et ne se limitent pas à seulement quelques générations, le taux de consanguinité issu des pedigrees sous-estime la consanguinité réelle de cinq à dix fois !
Plus récemment, la mesure des niveaux de consanguinité génétique par l’analyse ADN du chien est devenue une option réalisable et abordable. Les résultats de ces mesures ont fourni des preuves que les races de chiens ont des niveaux de consanguinité considérés comme extrêmement élevés. Il est prouvé que des niveaux élevés de consanguinité entraînent des conséquences sur la santé, sur la taille des portées et la survie néonatale.
La domestication du chien et la formation des races ont augmenté le nombre de variantes génétiques délétères au sein des races. Les chiens de races ont également de fortes prédispositions à des maladies héréditaires spécifiques. L’outil en ligne OMIA (Online Mendelian Inheritance in Animals) en répertorie leur nombre et les résultats pour le chien sont affligeants ! Ces troubles héréditaires sont pour partie dus à des fréquences alléliques élevées de mutations récessives délétères et d’autres restent inexpliquées et probablement de nature polygénique.
Du fait de leur hétérozygotie plus importante, les chiens de races mixtes présentent un risque de troubles héréditaires moindre que les chiens de races pures.
Les résultats de l’étude

La majorité des races de chiens affichent des niveaux très élevés de consanguinité bien au-dessus de ce qui serait considéré comme sûr pour les humains ou pour les populations d’animaux sauvages.

– cousins / cousines = 6.25 % (ligne orange)
– demi-frères / demi-sœurs = 12.5% (ligne rouge)
– frères / sœurs = 25% (ligne jaune)
– Consanguinité du chien-loup de Saarloos (ligne bleu)
Chez l’homme, il a été démontré que des niveaux modestes de consanguinité (3 à 6%) étaient associés à une prévalence accrue de maladies complexes d’apparition tardive ainsi qu’à d’autres types de dépression de consanguinité. Ces découvertes faites chez d’autres espèces, combinées aux prédispositions incroyablement fortes des chiens de race à des maladies complexes comme les cancers et les maladies auto-immunes, mettent en évidence le rôle majeur d’une consanguinité élevée chez les chiens de race pour leur santé.
Pour plus de détail, vous trouverez ci-dessous, les données de consanguinité et de diversité génétique pour chacune des 227 races résumées dans un tableur Excel simplifié.
La diversité génétique la plus faible de l’échantillon de chiens est de 10.7% pour le Collie à poil long et la plus élevée de 50.7% pour les chiens croisés.
Le taux de consanguinité le plus faible de l’échantillon de chiens est de 3.7% pour les chiens croisés et le plus élevé de 54.2% pour la race du Basenji.
Ci-dessous, la corrélation des moyennes de diversité génétique (courbe bleue) et de consanguinité (courbe orange) pour chacune des 227 races de l’étude.
Le point de bascule semble se trouver vers 32% (32% de diversité génétique correspond à 32% de consanguinité).

Le chiffre à retenir : 24.9
La consanguinité moyenne des 227 races de chiens est de 24.9% !
Les chiens de races sont donc aussi étroitement liés que des frères et sœurs à part entière !
25%, c’est également le taux de consanguinité d’une portée qui serait issue d’une combinaison père / fille ou mère / fils…

Chien-loup de Saarloos : COI = 33.6%
Berger Hollandais – Poil court : COI = 17.6%


Berger Hollandais – Poil long : COI = 39.9%
Berger Hollandais – Poil dur :
COI = 35.9%


Akita Inu :
COI = 42.6%
Basenji :
COI = 54.2%

Seulement 12 races sur les 227 ont des valeurs de consanguinité inférieures à 10%.
Ce sont principalement des races jeunes ou des races avec des croisements récents telles que le Tamaskan, le Barbet et le Labradoodle Australien. Ces races démontrent qu’une consanguinité élevée est le résultat de livres des origines fermés ou d’un petit nombre de fondateurs (ou les deux à la fois).
Mais il y a aussi des races locales (Chien de ferme Dano-Suédois (Standard FCI n°356) , Mudi (Standard FCI n°238) et Koolie (non reconnue FCI) qui démontrent également qu’il est possible d’obtenir un type de race cohérent sans pour autant avoir eu recours à une consanguinité anormalement élevée.

PROBABLEMENT GRÂCE À UNE POPULATION FONDATRICE RELATIVEMENT IMPORTANTE ET À UNE SÉLECTION BASÉE SUR LA FONCTIONNALITÉ ET NON SUR L’ESTHÉTISME.
Le groupe 5 (races primitives) a une faible morbidité moyenne, ce qui n’avait jamais été rapporté auparavant (à l’exception du Norrbottenspitz). Tandis que le groupe 2 (types Molosses) a une morbidité moyenne très élevée.
Les races avec des niveaux de consanguinité plus élevés nécessitent plus de soins vétérinaires.
Il y a des exceptions intéressantes à la corrélation entre la consanguinité et la santé. Les races Border Terriers, Basenji, Colley et Setter Anglais ont une consanguinité élevée mais une faible morbidité. De même, le Malinois, le Spitz nain et le Tsvetnaya Bolonka russe ont une consanguinité plus faible mais une morbidité élevée.
Dans le cas de races saines avec une consanguinité élevée, il est possible que ces races aient été purgées des allèles délétères (comme cela s’est produit en laboratoire avec des souches de souris consanguines).
Dans le cas inverse, (consanguinité moindre et morbidité élevée), les morbidités enregistrées pourraient être des maladies mendéliennes à haute fréquence allélique ou potentiellement des affections liées à des phénotypes en sélection dans la race.
Les données utilisées pour l’étude

Deux ensembles de données ont été utilisé :
- Les résultats d’hétérozygotie SNP de la diversité génétique de 49 378 chiens (227 races) génotypés chez MyDogDNA ou Optimal Selection entre le 3 avril 2015 et le 23 juin 2020.
- Des échantillons d’ADN de 274 chiens appartenant à 19 races différentes ont été prélevé comme sujets pour des maladies. Ils ont été génotypés avec Illumina Canine HD (173 000 SNP) pour déterminer leur taux de consanguinité génétique.
Les valeurs de diversité génétique (H) ne fournissant pas une relation simple au pedigree, les généticiens ont voulu déterminer quelle était leur équivalence au taux de consanguinité (F) par corrélation de Pearson.
Une régression linéaire a été effectué pour obtenir des valeurs de consanguinité ajustées (Fadj) pour les 227 races. Ainsi, une valeur H de 33,1 % (diversité génétique) équivaut à une valeur Fadj de 0,25 (consanguinité).
La consanguinité (F) des 274 chiens du deuxième ensemble de données était fortement corrélé avec la diversité génétique (H) des 49 378 chiens génotypés chez MyDogDNA du premier ensemble de données. Une régression linéaire a été effectuée pour obtenir des valeurs de consanguinité ajustées (Fadj)pour chaque race.
Ces données sources sont disponibles au téléchargement dans la section « Sources » se trouvant en fin d’article.
Le taux de consanguinité pédigree 5 générations

Lorsque j’ai commencé ma série d’articles sur la consanguinité du chien de race, mon premier message avait été de démontrer que les taux de consanguinité habituellement calculés sur cinq générations ne voulaient rien dire et que seul le taux de consanguinité toutes générations (jusqu’aux fondateurs) représentait le niveau d’homozygotie réel estimé d’un chien.
Que n’avais-je pas dit là… On m’a regardé avec des yeux ronds voir pour certains avec un certain dédain ; qui étais-je pour remettre en cause les pratiques cynophiles bien ancrées depuis des dizaines d’années ?…

Estimer un taux de consanguinité d’un chien de race en le calculant seulement sur les cinq dernières générations, c’est comme essayer d’estimer la taille d’un iceberg en ne tenant compte que de sa partie émergée. Vous sous-estimez totalement la taille de l’iceberg tout comme vous sous-estimez totalement le réel niveau d’homozygotie du chien. Vous devez prendre en compte l’intégralité des données disponibles !
Lorsqu’un éleveur annonce fièrement un taux de consanguinité de 0% pour sa portée parce qu’aucun ancêtre commun n’apparait sur le pedigree cinq générations alors qu’en réalité il est de 25%, je dirais que pour l’acheteur néophyte, c’est trompeur voir mensonger. L’adoptant pense que son chien n’est pas consanguin et en plus l’éleveur lui a garanti que ses parents sont sains de toute maladie héréditaire.
Alors qu’en réalité, les parents de son chien n’ont été dépistés que pour les maladies héréditaires connues et pour lesquelles un test génétique existe. L’adoptant est loin de s’imaginer que son chien a en fait 2,5 chances sur 10 qu’un gène pris au hasard possède deux copies du même allèle… Et si par mal chance ce gène devait être délétère, son chien développera un trouble génétique héréditaire !
En fait, cette habitude de communiquer sur des taux de consanguinité calculés sur si peu de générations a plusieurs origines :
- L’impossibilité pour l’éleveur de calculer un taux de consanguinité. Oui, je sais ça paraît dingue mais croyez-moi, il y a bien plus d’éleveurs incapables de les calculer que d’éleveurs capables… Alors, ils se réfèrent aux taux de consanguinité cinq générations donnés sur le site de la SCC – LOF Select et prennent pour argent comptant la valeur calculée par l’outil en ligne de création d’alliance virtuelle qui est bourré d’erreurs…
- Un non-sens d’un point de vue génétique, déclaré et diffusé par les instances cynophiles elles-mêmes.
En effet, la SCC écrit « qu’au-delà de cinq générations, on peut considérer que l’influence d’un ancêtre est négligeable, c’est-à-dire que la probabilité qu’un allèle se soit transmis depuis l’ancêtre commun jusqu’au sujet considéré par son côté paternel et maternel est proche de 0 ».
Ici, la SCC ne parle que sur le plan du phénotype en partant du principe que le beau mâle populaire et multi-champion qui se trouve en 6ème et 7ème génération sur le pedigree de votre chiot a très peu de chances d’avoir transmis ses qualités de champions à votre chiot…
On parle ici de choses visibles, de traits physiques. Mais sur le plan de la santé, sur des choses non visibles (donc non sélectionnable par l’éleveur) mais agissant directement sur la santé du chien, que se passe t-il ?
En effet, qu’advient-il du gène délétère devenu homozygote par consanguinité survenue au-delà de la 5ème génération ?
S’arrêterait-il à la 5ème génération comme par magie ? Bien sûr que non…
D’autant plus s’il se transmet sur un mode autosomique dominant…
Il continuera de se transmettre jusqu’à votre chiot… - Le taux de consanguinité cinq générations permettait à l’éleveur de démontrer son niveau de sélection appliqué sur les lignées de la portée.
Par exemple, si l’éleveur avait fait de la consanguinité sur certains ancêtres sensés rapporter de meilleures qualités esthétiques, une meilleure aptitude au travail ou un meilleur caractère, le taux de consanguinité cinq générations reflétait cette sélection.
Le taux de consanguinité génétique

Avec le temps, l’idée de donner plus d’importance au taux de consanguinité toutes générations a fait son petit chemin. Certains (rares) éleveurs ont investi dans un logiciel leur permettant de calculer facilement les taux de consanguinité quel que soit le nombre de générations. Et aujourd’hui, je suis toujours content de voir que cette donnée, hier complètement occultée, réapparaît aujourd’hui dans quelques annonces de saillie. C’est une très bonne chose.
Cependant, l’avancée des connaissances n’est pas figée dans le temps et les progrès de la science vont parfois bien plus vite qu’on ne le pense… La possibilité de génotyper un chien par un prélèvement salivaire pour analyse de son ADN est dorénavant facile et accessible.

Certaines entreprises comme MyDogDNA (Wisdom Panel) par exemple, vous propose de connaître le taux de diversité génétique de votre chien. Bien que très intéressante de prime abord, cette valeur n’a que peu d’intérêt en fait… En effet, à quel taux de consanguinité correspond un taux de diversité génétique ? A moins de maîtriser les corrélations de Pearson ainsi que les régressions linéaires comme les scientifiques de l’étude présentée dans cet article l’ont fait, calculer soit-même de telles correspondances n’est pas à la portée du commun des mortels…
De plus, MyDogDNA ne permet pas de connaître le taux de diversité génétique estimé d’une future portée… Donc, totalement inutile pour un éleveur mis à part de connaître les traits (caractéristiques) tels que la couleur des poils etc… (et encore, certains traits étant polygéniques, l’information n’est pas 100% fiable ; je pense notamment aux gènes responsables de la taille du chien).

Le génotypage d’Embark quant à lui, en plus des mêmes traits scannés par MyDogDNA, permet de connaître le taux de consanguinité génétique de l’individu ainsi que le taux de consanguinité estimé de la portée et le coefficient de parenté génétique de deux potentiels parents.
Et là, stupeur… Les valeurs de consanguinité génétique diffèrent grandement des valeurs de consanguinité pédigree. En effet, d’une manière générale, les taux issus de l’ADN sont très souvent supérieurs aux taux issus des pedigrees.

Valeurs à multiplier par 100 pour obtenir un taux.
Les taux de consanguinité calculés depuis les pédigrées sont souvent sous-estimés pour plusieurs raisons :
- Les fondateurs d’une race sont toujours considérés comme étant non apparentés car de races différentes. Malheureusement, les races de chiens sont bien plus apparentées qu’on ne pourrait le penser sur le plan de l’ADN… La première génération d’une race (F1) a toujours un taux de consanguinité de 0% ce qui est erroné d’un point de vue génétique.
- Des erreurs “administratives” telles que des dates de naissance erronées, des ancêtres inconnus, de fausses déclarations de saillies, des périodes difficiles de l’histoire entraînant des informations manquantes (guerre 1939-1945) etc… Tous ces manquements engendrent des liens incorrects dans les pedigrees et impactent le taux de consanguinité issu des pedigrees.
- La recombinaison génétique au moment de la Méiose rebat les cartes ! Un taux de consanguinité calculé depuis les pédigrees s’applique à l’ensemble de la portée. Or, la recombinaison génétique peut entraîner des différences d’homozygotie entre les chiots issus d’une même portée. Ainsi, j’ai pu constater parfois une différence qui allait jusqu’à 11 points entre le chiot qui avait le taux de consangnuinité le plus faible et celui qui avait le taux de consanguinité le plus haut dans la portée ! Cumulé sur plusieurs générations, cela peut entraîner une différence significative entre les taux de consanguinité calculés depuis les pédigrees et ceux calculés depuis l’ADN.
Réflexion générale

Comment les populations d’animaux sauvages parviennent-elles à rester en bonne santé depuis des milliers de générations, et sans tests de santé qui plus est ?
Parce qu’elles ne perdent pas de gènes importants pour leur santé.
Les animaux se déplacent occasionnellement d’un troupeau à l’autre, ce qui permet de restaurer les gènes perdus d’un troupeau resté trop longtemps isolé des autres et dont les animaux ne se reproduisaient qu’entre eux.
Dans les populations d’animaux sauvages, comment les différentes races arrivent-elles à préserver un type cohérent sans faire appel à la consanguinité ? Après tout, un lion est semblable à un autre lion… Une panthère noire est similaire à une autre panthère noire… Bref, nous arrivons très facilement à reconnaître les différentes caractéristiques des animaux sauvages pour immédiatement les assimiler à une race.
Alors qu’est-ce qui fait que la diversité génétique marche bien avec tous les animaux sauvages mais pas avec nos chiens ? Pourquoi les éleveurs d’autres races domestiques le comprennent très bien mais pas le monde de la cynophilie ?
Les chiens de races que nous aimons, meurent. Les généticiens peuvent vous dire pourquoi, et en fait, même les éleveurs canins d’il y a cent an auraient pu vous dire pourquoi cela se produit :
La consanguinité affecte la santé.
Elle augmente le nombre de troubles génétiques. Plus les taux de consanguinité sont élevés et plus la santé se dégrade. Ce ne sont pas des histoires ! C’est une notion de génétique fondamentale. La consanguinité augmente l’expression des troubles génétiques et a un effet négatif sur la santé.
Si quelqu’un tente de vous convaincre du contraire, vous devez changer vos fréquentations !
Alors certes, la consanguinité permet de fixer le type, le caractère et d’accroître l’homogénéité. C’est d’ailleurs ainsi que les races domestiques ont été créées. Cependant, ces bénéfices peuvent tout aussi bien être appréciés à des niveaux de consanguinité inférieurs à 10% !
Parmi les races de chiens reconnues, le type a été fixé il y a bien longtemps et d’ailleurs clairement décrit dans le standard de race. Qu’y a t-il de plus à fixer comme traits qui justifirait un tel niveau de consanguinité ?
L’amélioration des races ?
Moi je dirai plutôt le saccage des races avec leurs lots d’hypertypes et de problèmes de santé !
Des décennies de consanguinité dans une quête du chien de plus en plus « parfait » ont entrainé la perte des gènes essentiels à la vie. Aussi « parfaits » et « beaux » que puissent être les chiens à l’extérieur, à l’intérieur ils sont cassés…
Et que faisons-nous à ce sujet ? Nous semblons faire beaucoup ; il existe des études de recherche, des tests ADN, des séminaires sur la santé, des groupes de discussions Facebook spécifiques à des troubles de santé etc.
Mais nos chiens meurent de consanguinité… Aucune des choses que nous faisons ne guérira les effets de la consanguinité. Les scientifiques ne peuvent pas guérir la consanguinité.
Seuls les éleveurs peuvent faire baisser le niveau de consanguinité des chiens qu’ils produisent.
Lorsque je lis sur les réseaux sociaux des posts qui tentent d’expliquer les raisons de la mortalité néonatale des chiots en évoquant toutes les possibilités (environnement, alimentation, stress de la mère etc) mais sans jamais évoquer la consanguinité…
Et pourtant… avec un taux moyen de 25%, la consanguinité devrait être tout en haut de la liste des causes plausibles de la mortalité néonatale !
Or, le niveau de consanguinité anormalement élevé n’est pour ainsi dire jamais évoqué…

C’est le sujet délicat, le sujet tabou dont tout un chacun peut constater l’existence, mais que personne n’ose mentionner ni discuter ouvertement, faute de connaissances suffisantes en génétique de base… La consanguinité, c’est l’arbre qui cache la forêt, c’est l’éléphant dans le salon des éleveurs de chiens de race…
L’éducation des éléveurs est un point capital pour lutter efficacement contre les légendes, les croyances et les opinions qui persévèrent encore et toujours dans le monde de l’élevage canin.
Conclusion

Un grand pas vient d’être fait par la science concernant les niveaux réels de consanguinité des chiens de race.
Les résultats sont sans appel : la majorité des races de chiens affichent des niveaux trop élevés de consanguinité, bien au-dessus de ce qui serait considéré comme sûr pour les populations d’animaux sauvages ou pour les humains. Ils sont bien au-delà de ce qui est toléré par la plupart des éleveurs d’autres races d’animaux domestiques, qui travaillent dur pour maintenir la consanguinité en dessous de 10 % et qui sont préoccupés par chaque point de consanguinité supplémentaire au-dessus de 5 % puisqu’ils savent que la consanguinité affecte la qualité de leurs animaux, et donc leurs profits…
Lisez également cet article récemment publié sur Actu.fr sur le fléau des cancers chez les chiens de race.
En résumé :
– Un Flat Coated Retriever sur deux meurt d’un sarcome histiocytaire avec une médiane de survie de neuf ans, mais des individus peuvent mourir assez tôt.
– Le taux de mortalité par cancer chez le chien de race est estimé entre 15 et 30 % et celà peut aller jusqu’à 50 % chez de nombreuses races prédisposées.
Pratiquer l’élevage de chiens de race devrait exiger un permis !
En effet, il ne s’agit pas de faire reproduire Médor sur Mirza là ; on accouple des individus plus ou moins apparentés ; plus ou moins liés les uns aux autres. Cela nécessite des connaissances de base en génétique et plus précisément en génétique des populations.
Pour être boulanger, il est exigé un CAP de boulangerie.
Pour être coiffeur, un CAP de coiffeur etc.
Pour être éleveur de chiens de race, vous n’avez besoin de rien !
Est considéré comme éleveur par la loi, toute personne vendant au moins un chien issu d’une femelle reproductrice lui appartenant…
Si l’on veut faire baisser le niveau de consanguinité chez les chiens de race, il faut éduquer les éleveurs et leur imposer des connaissances en génétique de base par la délivrance d’un diplôme adéquat et avec des mises à jour régulières comme n’importe quel professionnel de santé chez les humains.
Pour la suite de la conclusion, je vais reprendre à mon compte quelques phrases écrites par le docteur Carol Beuchat, que j’affectionne particulièrement pour ses positions et tous les supports d’éducation qu’elle a mis en place concernant la génétique du chien. Les propos ci-dessous, vous pourrez les retrouver sur le Blog de Carol Beuchat comme beaucoup d’autres repris dans cet article dont l’origine est rappelé dans la section « Sources » à la fin de cet article.
Propos du Dr Carol Beuchat :
Les différentes communications des instances cynophiles continuent d’être axées sur des points qui sont capitaux pour les éleveurs mais qui laissent dubitatifs la plupart des gens.
Voici un bel exemple avec la dernière communication de la FCI :
La plupart des adoptants se fichent de savoir si son chien est enregistré dans un livre des origines, s’il est LOF. D’ailleurs, très peu de chiens de races vont jusqu’à l’étape de la confirmation. Les gens ne se préoccupent pas de la quantité de travail des éleveurs et de leurs dépenses consacrées à l’élevage. Le public ne se soucie pas de savoir si c’est « du pure race » et ce que veut dire « parents entièrement testés» – testés de quoi, d’ailleurs ?
La plupart des gens veulent juste un chien à aimer. Ils ne veulent pas d’un chien qui leur coûtera une fortune en frais vétérinaire.
La FCI, les instances cynophiles et la plupart des éleveurs, passent à côté de la principale raison pour laquelle les chiens de races ont si mauvaise presse auprès du grand public : la consanguinité.
Pour le profane, c’est de l’inceste. En fait, cela devrait l’être également pour les éleveurs de chiens de race… N’importe qui sait que l’inceste est mauvais, qu’il produit des problèmes génétiques, que les chiens de races sont consanguins et ils n’ont pas tort.
Le public n’est pas contre les chiens de races. Ils ne sont pas contre les éleveurs de chiens de races non plus. Ils sont contre l’élevage d’inceste parce qu’il produit des animaux en mauvaise santé.
De nos jours, les prises de positions tenues en public sur les réseaux sociaux par les éleveurs, les clubs de race et les autres instances cynophiles sur tout ce qui justifie la continuité de l’utilisation de la consanguinité pour des raisons «d’amélioration des races» ne passent plus. Au contraire, cela renforce l’opinion du public selon laquelle les éleveurs de chiens de races sont condescendants et ne s’intéressent qu’à l’apparence, aux médailles, aux flots et aux coupes d’expositions.
Le public non averti est horrifié d’apprendre que la plupart des chiens de races élevés aujourd’hui sont aussi étroitement liés que des frères et sœurs à part entière.
Les affirmations fréquemment entendues selon lesquelles les chiens de races pures « sont tout aussi sains » que les chiens de race mixte ne sont basées sur aucune donnée fiable et vérifiée. Les éleveurs ne changeront pas la perception du public selon laquelle les chiens de races sont consanguins et malsains tout en niant qu’il y a un problème et en refusant de le résoudre.
Les éleveurs ne sont pas en mesure de lutter contre TOUS les problèmes de santé si le pool génétique de leurs reproducteurs n’a pas la variabilité nécessaire pour produire des chiots en bonne santé. Malheureusement, tous les chiens de races sont si étroitement liés génétiquement qu’ils représentent l’équivalent de plusieurs générations consécutives de croisements apparentés à des frères et soeurs.
Il n’est pas possible de produire des chiens en bonne santé tout en s’engageant dans une consanguinité sans restriction. Cela n’est pas possible !
Dr Carol Beuchat
Le public n’a pas besoin d’être «éduqué» sur le travail des éleveurs de chiens de races ; les gens n’ont pas besoin de relations publiques qui valorisent l’enregistrement d’un chiot à un livre des origines et applaudissent ces éleveurs qui travaillent dur. Les gens ne s’en soucient vraiment pas, non…
Ce que le public veut, ce sont des chiens en bonne santé.
C’est tout !
Si les éleveurs de chiens de races ne les produisent pas alors les gens iront ailleurs.
Sources
Lien de l’étude : The effect of inbreeding, body size and morphology on health in dog breeds
Données : 1er ensemble de données / 2ème ensemble de données
Blog de Carole Beuchat : www.instituteofcaninebiology.org/blog
Actu.fr : Le fléau des cancers chez les chiens de races







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